dimanche 16 septembre 2012

Un mois, un post

Connaissant déjà la ville, sans la motivation d'un S. pour me sortir, fatigué par le voyage, triste de mon retour à la semi-sédentarisation, j'ai passé un mois d'aout assez pauvre en évènements et qui ne mérite donc guère plus qu'un seul post pour être relaté. Ce post, le voici.

En arrivant dans ma nouvelle chambre, toujours dans la même résidence, je remarque que je n'ai pas échappé cette fois au portrait christique et que je dispose également d'une télé et d'un téléphone dont je n'ai pas grand chose à faire.
Après quelques jours passés à guérir de mes bolivian bus (selon l'expression d'un prof d'anglais de l'université), les JO me ralentissent fortement dans mon travail, particulièrement le judo : bien que les combats de Teddy Rinner ne soient pas aussi impressionnant qu'espéré, ceux de Lucie Décosse valent le détour et dieu que ça me démange de remonter sur les tatamis, même si c'est pour prendre une sacré raclée…

Mon stage avance tant bien que mal, je sors peu et me gave de films (nuls au début, un peu moins voire carrément bien ensuite) et j'ingurgite les quatre saisons de Battlestar Galactica, excellente série de SF, et bonne série tout genre confondus.

Lorsque les filles repassent par Santiago avant leur retour en France, je me décide à sortir de mon trou et passe un peu de temps avec L. (B. est très vite repartie pour Buenos Aires) et A., une autre amie de prépa arrivée un mois plus tôt pour l'année au Chili. Un concert de musique gitane qui me servira de dernier concert chilien, un premier completo (sorte de hotdog saturé en avocat et sauces diverses) et un film sur une jeune chilienne tentant de concilier sa sexualité avec sa famille évangéliste sont les péripéties de cette semaine. L'effet à long terme positif c'est que je passe un peu plus de temps dehors et que je me re-motive au boulot (j'ai un essai de philo à rendre depuis deux mois!).

Le dernier week-end d'août, en plus de correspondre au dernier de S. au Chili, est l'occasion pour moi de retourner à Pucon dans l'objectif de grimper comme annoncé le volcan Villarica.
Arrivé le samedi soir avec l'espoir de grimper dès le lendemain, j'apprend que ce n'est pas possible car le vent risque d'être défavorable et que le groupe est déjà au complet. Je réserve donc pour la montée du lundi et tant pis pour le travail, E. comprendra (en de fait, il n'y a pas eu de problème). Un petite soirée d'anniversaire le samedi soir, une courte balade en début d'après midi le dimanche et quelques heures à bidouiller LaTeX m'occupent en attendant l'ascension du lundi.
Jour J, levé à 6h15, sandwich prêt, 2L d'eau dans le sac et nous sommes partis en minibus vers la station de ski à la base du volcan. Quand je dis nous, c'est le groupe quasi-intégralement français qui s'apprête à tenter la montée, seul un allemand parlant par ailleurs français rejoint les guides dans cette classe particulière que sont les étrangers (j'en entend murmurer au fond… Oui, vous, parlez plus fort! Comment cela c'est nous les étrangers au Chili? Mais qu'est-ce qu'il raconte cet hurluberlu?). Après un petit raccourcit télésiège, l'ascension commence et nous marchons 6h dans la neige avec des passages plus ou moins raides, plus ou moins glacés, mais toujours au soleil et rarement en plein vent. Tout se passe plutôt bien, un seul membre de l'expédition ne parvient pas à continuer et rebrousse chemin avec l'un des trois guide à mi-chemin. Le reste dont je fait parti parvient au sommet sur le coup de 13 ou 14h et profite de la vue imprenable sur la région, de la vision de quelques volutes de fumée s'échappant d'un cratère dont nous ne verrons malheureusement pas le fond (interdit de s'approcher) et du froid qui paralyse les orteils, malgré les chaussures spécialement prévues à cet effet (marcher dans la neige).
La descente se fait d'une façon assez rigolote : sur les fesses la majorité du temps, à l'aide d'une "pelle" en plastique. C'est l'occasion de se prendre beaucoup de neige sur le visage, de rigoler un bon coup et de se tordre les deux genoux (mais plus de douleur que de séquelles).

J'attaque en rentrant les dix derniers jours de mon stage qui se termineront en beauté par une journée de plus de 36h dont 3à de travail: il s'agissait d'envoyer le rapport de stage dans les temps, en remarquant quelques heures avant la deadline que le travail des trois dernières semaines était faux et le recommencer partiellement en une douzaine d'heures. Voilà voilà.

Après une dernier restaurant avec A., je quitte le vendredi 7septembre le Chili et l'Amérique Latine, plus chargé qu'à l'aller sans trop comprendre comment mais sans que le personnel de l'aéroport ne me fasse payer la surcharge. 30h de voyage, dont 7h de correspondance à Rìo — où je n'ai pas réussi à voir le Christ Roi, mais vu Total Recall (le vieux) — je prend mes quartiers dans ma nouvelle chambre d'internat, dans ce Paris que je n'aime pas mais qui sera ma ville une année de plus, avant une autre, et une autre...

vendredi 7 septembre 2012

No Border

Je profite d'être justement en train d'en franchir et du Wifi gratuit de l'aéroport de Rio de Janeiro pour reprendre mon récit là où je l'ai arrêté, le jour d'un autre départ et d'un autre retour: départ de La Paz pour rentrer à Santiago et au travail.

Je me lève à 5h du matin pour le taxi qui m'emmène au terminal de bus, direction Arica où un avion "m'attend" pour rentrer à Santiago. J'arriverai à la résidence à minuit. Une bonne journée en perspective.
Le voyage se déroule sans fait notable jusqu'à la frontière: le bus est confortable, j'avance tranquillement la lecture de mon dernier livre (Le démon de Selby Jr. auteur entre autre des très bons Last Exit to Brooklyn et Requiem for a dream) et on a droit à des collations dans le bus, ce qui m'évite de passer la journée presque sans manger. À la frontière par contre, c'est une autre histoire. Alors que je m'apprêtais à la franchir tranquillement pour la troisième fois, avec mon air habituel de voyageur solitaire détaché de ces formalité et blasé, il s'est avéré que mes balles de jonglages, que je trimballe précieusement partout avec moi depuis presque huit ans contiennent des substances végétales dont l'introduction au Chili est interdite. Après en avoir légèrement percé une pour mener des tests définitif (la vision du scanner ne suffisant pas à déterminer précisément la nature du contenu), et m'avoir ainsi fait rater le départ de mon bus, les douaniers confirment la présence d'une substance végétales dont on m'a dit le nom mais qui était loin de m'intéresser à ce moment là. Je suis convoqué dans le bureau du chef/responsable qui a au moins le mérite de ne pas me menacer d'une amende pour non-déclaration de produits suspects, mais me laisse en contre-partie le choix entre vider mes balles ou les laisser pour être brûlées. J'essaye de protester, de dire qu'elles viennent de France, qu'elles ont déjà passé la frontière deux fois, mais rien n'y fait c'est pas sa faute si ses collègues ont mal fait leur boulot (sachant quand même que les collègues en question sont ceux de l'aéroport de Santiago ou du poste frontière de la ville très touristique de San Pedro de Atacama, je me demande vraiment qui ne fait pas son boulot qui ne trouve rien de mieux à faire de ses journées que de l'excès de zèle). Je finis par accepter de les vider, c'est impossible. Je les laisse à contre cœur, et me tire sans dire au revoir mais sans faire le fier non plus, fébrile et tremblant comme à chaque fois que je suis confronté et dépassé par l'autorité. Je monte dans un autre bus, mon trajet payé par la douane et finis par me calmer tout en ruminant ma colère contre les douaniers, les frontières et quel mal pouvaient faire trois malheureuse balles hermétiquement closes. Après une ou deux heures de route, mon nouveau bus rejoint mon ancien et je retourne à ma place terminer mon bouquin et mon voyage.

J'arrive à Arica relativement fatigué, j'ai donc la flemme de m'installer dans un cyber-café pour bloguer et vais plutôt m'affaler dans l'aéroport en attendant mon avion et en couvant doucement la maladie qui va me mettre K.O. dans les trois jours à venir.

À la résidence, on m'a attribué une nouvelle chambre. Je n'échappe pas au tableau christique cette fois, j'ai également droit à une télé et téléphone fixe dont je ne vois pas bien ce que je pourrais faire.

C'était pas une glorieuse journée, y'a des jours où on ferait mieux d'aller toujours de l'avant, fuite perpétuelle, et ne jamais rentrer.


PS: J'ai bien conscience de l'utilité écologique de l'introduction de végétaux étrangers sur un territoire et je comprend que mes balles soient tombées sous le coup de la loi. J'en veux surtout aux douaniers pour leur zèle (ou manque de zèle les deux premières fois, j'aurais sûrement mieux compris si je n'avais pas déjà passé la frontière deux fois avec) et à l'impossibilité de solution de replis. Je tenais beaucoup à ces balles qui m'accompagnaient partout, me détendaient, me distrayaient ou me calmaient quand j'en avais besoin. J'aurais été prêt à payer le prix pour les envoyer directement en France par la Poste si j'en avais eu la possibilité. Mais seul la destruction m'était proposée. Mais je relativise aussi, ce ne sont que des objets et comme dirait un certain T.D. "What you own ends up owning you."