vendredi 7 septembre 2012

No Border

Je profite d'être justement en train d'en franchir et du Wifi gratuit de l'aéroport de Rio de Janeiro pour reprendre mon récit là où je l'ai arrêté, le jour d'un autre départ et d'un autre retour: départ de La Paz pour rentrer à Santiago et au travail.

Je me lève à 5h du matin pour le taxi qui m'emmène au terminal de bus, direction Arica où un avion "m'attend" pour rentrer à Santiago. J'arriverai à la résidence à minuit. Une bonne journée en perspective.
Le voyage se déroule sans fait notable jusqu'à la frontière: le bus est confortable, j'avance tranquillement la lecture de mon dernier livre (Le démon de Selby Jr. auteur entre autre des très bons Last Exit to Brooklyn et Requiem for a dream) et on a droit à des collations dans le bus, ce qui m'évite de passer la journée presque sans manger. À la frontière par contre, c'est une autre histoire. Alors que je m'apprêtais à la franchir tranquillement pour la troisième fois, avec mon air habituel de voyageur solitaire détaché de ces formalité et blasé, il s'est avéré que mes balles de jonglages, que je trimballe précieusement partout avec moi depuis presque huit ans contiennent des substances végétales dont l'introduction au Chili est interdite. Après en avoir légèrement percé une pour mener des tests définitif (la vision du scanner ne suffisant pas à déterminer précisément la nature du contenu), et m'avoir ainsi fait rater le départ de mon bus, les douaniers confirment la présence d'une substance végétales dont on m'a dit le nom mais qui était loin de m'intéresser à ce moment là. Je suis convoqué dans le bureau du chef/responsable qui a au moins le mérite de ne pas me menacer d'une amende pour non-déclaration de produits suspects, mais me laisse en contre-partie le choix entre vider mes balles ou les laisser pour être brûlées. J'essaye de protester, de dire qu'elles viennent de France, qu'elles ont déjà passé la frontière deux fois, mais rien n'y fait c'est pas sa faute si ses collègues ont mal fait leur boulot (sachant quand même que les collègues en question sont ceux de l'aéroport de Santiago ou du poste frontière de la ville très touristique de San Pedro de Atacama, je me demande vraiment qui ne fait pas son boulot qui ne trouve rien de mieux à faire de ses journées que de l'excès de zèle). Je finis par accepter de les vider, c'est impossible. Je les laisse à contre cœur, et me tire sans dire au revoir mais sans faire le fier non plus, fébrile et tremblant comme à chaque fois que je suis confronté et dépassé par l'autorité. Je monte dans un autre bus, mon trajet payé par la douane et finis par me calmer tout en ruminant ma colère contre les douaniers, les frontières et quel mal pouvaient faire trois malheureuse balles hermétiquement closes. Après une ou deux heures de route, mon nouveau bus rejoint mon ancien et je retourne à ma place terminer mon bouquin et mon voyage.

J'arrive à Arica relativement fatigué, j'ai donc la flemme de m'installer dans un cyber-café pour bloguer et vais plutôt m'affaler dans l'aéroport en attendant mon avion et en couvant doucement la maladie qui va me mettre K.O. dans les trois jours à venir.

À la résidence, on m'a attribué une nouvelle chambre. Je n'échappe pas au tableau christique cette fois, j'ai également droit à une télé et téléphone fixe dont je ne vois pas bien ce que je pourrais faire.

C'était pas une glorieuse journée, y'a des jours où on ferait mieux d'aller toujours de l'avant, fuite perpétuelle, et ne jamais rentrer.


PS: J'ai bien conscience de l'utilité écologique de l'introduction de végétaux étrangers sur un territoire et je comprend que mes balles soient tombées sous le coup de la loi. J'en veux surtout aux douaniers pour leur zèle (ou manque de zèle les deux premières fois, j'aurais sûrement mieux compris si je n'avais pas déjà passé la frontière deux fois avec) et à l'impossibilité de solution de replis. Je tenais beaucoup à ces balles qui m'accompagnaient partout, me détendaient, me distrayaient ou me calmaient quand j'en avais besoin. J'aurais été prêt à payer le prix pour les envoyer directement en France par la Poste si j'en avais eu la possibilité. Mais seul la destruction m'était proposée. Mais je relativise aussi, ce ne sont que des objets et comme dirait un certain T.D. "What you own ends up owning you."

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