dimanche 16 septembre 2012

Un mois, un post

Connaissant déjà la ville, sans la motivation d'un S. pour me sortir, fatigué par le voyage, triste de mon retour à la semi-sédentarisation, j'ai passé un mois d'aout assez pauvre en évènements et qui ne mérite donc guère plus qu'un seul post pour être relaté. Ce post, le voici.

En arrivant dans ma nouvelle chambre, toujours dans la même résidence, je remarque que je n'ai pas échappé cette fois au portrait christique et que je dispose également d'une télé et d'un téléphone dont je n'ai pas grand chose à faire.
Après quelques jours passés à guérir de mes bolivian bus (selon l'expression d'un prof d'anglais de l'université), les JO me ralentissent fortement dans mon travail, particulièrement le judo : bien que les combats de Teddy Rinner ne soient pas aussi impressionnant qu'espéré, ceux de Lucie Décosse valent le détour et dieu que ça me démange de remonter sur les tatamis, même si c'est pour prendre une sacré raclée…

Mon stage avance tant bien que mal, je sors peu et me gave de films (nuls au début, un peu moins voire carrément bien ensuite) et j'ingurgite les quatre saisons de Battlestar Galactica, excellente série de SF, et bonne série tout genre confondus.

Lorsque les filles repassent par Santiago avant leur retour en France, je me décide à sortir de mon trou et passe un peu de temps avec L. (B. est très vite repartie pour Buenos Aires) et A., une autre amie de prépa arrivée un mois plus tôt pour l'année au Chili. Un concert de musique gitane qui me servira de dernier concert chilien, un premier completo (sorte de hotdog saturé en avocat et sauces diverses) et un film sur une jeune chilienne tentant de concilier sa sexualité avec sa famille évangéliste sont les péripéties de cette semaine. L'effet à long terme positif c'est que je passe un peu plus de temps dehors et que je me re-motive au boulot (j'ai un essai de philo à rendre depuis deux mois!).

Le dernier week-end d'août, en plus de correspondre au dernier de S. au Chili, est l'occasion pour moi de retourner à Pucon dans l'objectif de grimper comme annoncé le volcan Villarica.
Arrivé le samedi soir avec l'espoir de grimper dès le lendemain, j'apprend que ce n'est pas possible car le vent risque d'être défavorable et que le groupe est déjà au complet. Je réserve donc pour la montée du lundi et tant pis pour le travail, E. comprendra (en de fait, il n'y a pas eu de problème). Un petite soirée d'anniversaire le samedi soir, une courte balade en début d'après midi le dimanche et quelques heures à bidouiller LaTeX m'occupent en attendant l'ascension du lundi.
Jour J, levé à 6h15, sandwich prêt, 2L d'eau dans le sac et nous sommes partis en minibus vers la station de ski à la base du volcan. Quand je dis nous, c'est le groupe quasi-intégralement français qui s'apprête à tenter la montée, seul un allemand parlant par ailleurs français rejoint les guides dans cette classe particulière que sont les étrangers (j'en entend murmurer au fond… Oui, vous, parlez plus fort! Comment cela c'est nous les étrangers au Chili? Mais qu'est-ce qu'il raconte cet hurluberlu?). Après un petit raccourcit télésiège, l'ascension commence et nous marchons 6h dans la neige avec des passages plus ou moins raides, plus ou moins glacés, mais toujours au soleil et rarement en plein vent. Tout se passe plutôt bien, un seul membre de l'expédition ne parvient pas à continuer et rebrousse chemin avec l'un des trois guide à mi-chemin. Le reste dont je fait parti parvient au sommet sur le coup de 13 ou 14h et profite de la vue imprenable sur la région, de la vision de quelques volutes de fumée s'échappant d'un cratère dont nous ne verrons malheureusement pas le fond (interdit de s'approcher) et du froid qui paralyse les orteils, malgré les chaussures spécialement prévues à cet effet (marcher dans la neige).
La descente se fait d'une façon assez rigolote : sur les fesses la majorité du temps, à l'aide d'une "pelle" en plastique. C'est l'occasion de se prendre beaucoup de neige sur le visage, de rigoler un bon coup et de se tordre les deux genoux (mais plus de douleur que de séquelles).

J'attaque en rentrant les dix derniers jours de mon stage qui se termineront en beauté par une journée de plus de 36h dont 3à de travail: il s'agissait d'envoyer le rapport de stage dans les temps, en remarquant quelques heures avant la deadline que le travail des trois dernières semaines était faux et le recommencer partiellement en une douzaine d'heures. Voilà voilà.

Après une dernier restaurant avec A., je quitte le vendredi 7septembre le Chili et l'Amérique Latine, plus chargé qu'à l'aller sans trop comprendre comment mais sans que le personnel de l'aéroport ne me fasse payer la surcharge. 30h de voyage, dont 7h de correspondance à Rìo — où je n'ai pas réussi à voir le Christ Roi, mais vu Total Recall (le vieux) — je prend mes quartiers dans ma nouvelle chambre d'internat, dans ce Paris que je n'aime pas mais qui sera ma ville une année de plus, avant une autre, et une autre...

vendredi 7 septembre 2012

No Border

Je profite d'être justement en train d'en franchir et du Wifi gratuit de l'aéroport de Rio de Janeiro pour reprendre mon récit là où je l'ai arrêté, le jour d'un autre départ et d'un autre retour: départ de La Paz pour rentrer à Santiago et au travail.

Je me lève à 5h du matin pour le taxi qui m'emmène au terminal de bus, direction Arica où un avion "m'attend" pour rentrer à Santiago. J'arriverai à la résidence à minuit. Une bonne journée en perspective.
Le voyage se déroule sans fait notable jusqu'à la frontière: le bus est confortable, j'avance tranquillement la lecture de mon dernier livre (Le démon de Selby Jr. auteur entre autre des très bons Last Exit to Brooklyn et Requiem for a dream) et on a droit à des collations dans le bus, ce qui m'évite de passer la journée presque sans manger. À la frontière par contre, c'est une autre histoire. Alors que je m'apprêtais à la franchir tranquillement pour la troisième fois, avec mon air habituel de voyageur solitaire détaché de ces formalité et blasé, il s'est avéré que mes balles de jonglages, que je trimballe précieusement partout avec moi depuis presque huit ans contiennent des substances végétales dont l'introduction au Chili est interdite. Après en avoir légèrement percé une pour mener des tests définitif (la vision du scanner ne suffisant pas à déterminer précisément la nature du contenu), et m'avoir ainsi fait rater le départ de mon bus, les douaniers confirment la présence d'une substance végétales dont on m'a dit le nom mais qui était loin de m'intéresser à ce moment là. Je suis convoqué dans le bureau du chef/responsable qui a au moins le mérite de ne pas me menacer d'une amende pour non-déclaration de produits suspects, mais me laisse en contre-partie le choix entre vider mes balles ou les laisser pour être brûlées. J'essaye de protester, de dire qu'elles viennent de France, qu'elles ont déjà passé la frontière deux fois, mais rien n'y fait c'est pas sa faute si ses collègues ont mal fait leur boulot (sachant quand même que les collègues en question sont ceux de l'aéroport de Santiago ou du poste frontière de la ville très touristique de San Pedro de Atacama, je me demande vraiment qui ne fait pas son boulot qui ne trouve rien de mieux à faire de ses journées que de l'excès de zèle). Je finis par accepter de les vider, c'est impossible. Je les laisse à contre cœur, et me tire sans dire au revoir mais sans faire le fier non plus, fébrile et tremblant comme à chaque fois que je suis confronté et dépassé par l'autorité. Je monte dans un autre bus, mon trajet payé par la douane et finis par me calmer tout en ruminant ma colère contre les douaniers, les frontières et quel mal pouvaient faire trois malheureuse balles hermétiquement closes. Après une ou deux heures de route, mon nouveau bus rejoint mon ancien et je retourne à ma place terminer mon bouquin et mon voyage.

J'arrive à Arica relativement fatigué, j'ai donc la flemme de m'installer dans un cyber-café pour bloguer et vais plutôt m'affaler dans l'aéroport en attendant mon avion et en couvant doucement la maladie qui va me mettre K.O. dans les trois jours à venir.

À la résidence, on m'a attribué une nouvelle chambre. Je n'échappe pas au tableau christique cette fois, j'ai également droit à une télé et téléphone fixe dont je ne vois pas bien ce que je pourrais faire.

C'était pas une glorieuse journée, y'a des jours où on ferait mieux d'aller toujours de l'avant, fuite perpétuelle, et ne jamais rentrer.


PS: J'ai bien conscience de l'utilité écologique de l'introduction de végétaux étrangers sur un territoire et je comprend que mes balles soient tombées sous le coup de la loi. J'en veux surtout aux douaniers pour leur zèle (ou manque de zèle les deux premières fois, j'aurais sûrement mieux compris si je n'avais pas déjà passé la frontière deux fois avec) et à l'impossibilité de solution de replis. Je tenais beaucoup à ces balles qui m'accompagnaient partout, me détendaient, me distrayaient ou me calmaient quand j'en avais besoin. J'aurais été prêt à payer le prix pour les envoyer directement en France par la Poste si j'en avais eu la possibilité. Mais seul la destruction m'était proposée. Mais je relativise aussi, ce ne sont que des objets et comme dirait un certain T.D. "What you own ends up owning you."

mercredi 22 août 2012

Isla del Sol...

...et lac Titikaka.

Et non, je ne ferai pas de blague pourrie.

Je vais profiter d'avoir réussis à me lever tôt pour aller au travail et donc en revenir avant 21h pour écrire ce message, relatant la dernière partie de mon voyage (sans compter le retour épique): la rapide excursion au lac Titikaka et la visite de sa fameuse île du soleil.

Parti de La Paz après une dernière épique partie de Yam's et ma première percée au dessus des 300 points au score, je me retrouve de nouveau seul sur les routes, en direction dans un premier temps de Copacabana, version bolivienne, point de départ vers l'île. Le trajet se passe plutôt bien (je finis les Raisins de la colère, qui m'a fortement donné envie de (re)prendre le drapeau rouge, mais passons, la flemme s'occupe très bien de le laisser au placard, avec mon homosexualité refoulée, mes leçons de violons et mon épilation intégrale)2, quoi que plus long que prévu suite à la crevaison du bus quelques minutes après la traversée l'Estrecho de Tiquina qui marque mon arrivée sur le lac. Mais de nuit. Bon, comme on est en Bolivie, ce serait trop facile d'avoir un pneu de rechange ou un bus à portée, du coup on roule encore 40min au ralenti avant d'avoir confirmation de l'arrivée d'un bus de rechange et de pouvoir enfin arriver à Copacabana avec 2h de retard. Il est donc 21h, il fait nuit, je suis fatigué et blasé (enfin, rien de spécial, quoi), y'a pas d'alojamiento avec des chambres libres du coup je me retrouve à payer une chambre de trois lits juste pour moi dans un hôtel moyenne classe, mais au moins j'ai le meilleur lit et ça reste abordable. Je fais l'erreur de manger pas cher et me force à finir mon burger huileux. D'où je me suis installé, j'ai vue sur la cuisine quand le cuisinier et le serveur s'échangent les plats. Ça me confirme qu'il vaut mieux ignorer certaines choses. Retour dans la chambre. Pour pas finir mon dernier livre trop vite, je m'amuse plutôt à faire des calculs de probas liés au Yam's. Ça me prend pas mal de temps parce que je galère toujours autant à voir le lien entre les formule de proba et la réalité du coup je me trouve une bonne quarante-deuxaine de fois avant d'avoir des résultats qui me paraissent cohérents, mais qui permettraient certainement de prouver que Georges Bush est un martien naturalisé Uranusien échoué par hasard sur notre planète.1

Bon, passons à l'essentiel de ce message, après toutes ces blablateries inutiles et insensées.
Levé tôt pour prendre le bateau de 8h30, direction le Nord de l'île, où j'ai prévu de passer la nuit avant de rentrer le lendemain. Je passe les deux heures de traversée sur le toit aménagé, il fait plutôt bon et c'est joli tout plein. Je suis assis à côté de français, dont un couple de trentenaire dont la moitié féminine dont l'existence n'a rien d'une évidence porte sur elle d'être prof', et elle ne manque d'ailleurs pas d'évoquer son passage à l'IUFM3. Fun fact: la traversée se faisant quasiment intégralement en ligne droite, les pilotes des bateaux ne s'occupent quasiment pas de la barre pendant le trajet. Ce qui donne l'impression d'un moteur juxtaposé à un bolivien sans aucun lien entre les deux. On croise aussi un bateau non-touristique surchargé de voyageurs, à l'image des taxis ou micro de la terre "ferme"4. Blabla, on finit par arriver tranquillement.
Les îlots croisés sont rigolos: on diraient des plateforme inclinées à 45°, ce qui s'explique fortement avec tout bon court de géologie dispensé à ma sombre époque en terminale S. Mais non je ne ferai pas de rappel, débrouillez-vous avec votre Alzheimer et Wikipedia. Sitôt débarqué avec la horde de touriste, un type nous attire prête de la carte et explique le site. Flairant l’hameçonnage et parce que je n'aime pas me faire alpaguer, je n'écoute pas et regarde la carte ensuite. Je ne peux m'empêcher d'entendre qu'il suffit de trois heures de marche pour rejoindre le port au sud de l'île et réalise alors que y'a pas grand chose à faire sur cette île en fait. Bon. Du coup je ne cherche pas d'hôtel tout de suite, j'aviserai plus tard. Je prend le chemin de la pointe nord de l'île, le chemin normal de balade.
Ça commence sur une plage de sable fin et d'eau translucide où le camping est autorisée. J'y dépasse un premier groupe de touriste que j'insulte mentalement parce que c'est drôle à faire quand j'en fait pas partie. Sur l'autoroute le chemin qui commence la montée dans les collines, j'arrive à peu près à être seul et à admirer le calme et la beauté du lieux. L'eau scintille tranquillement sous le soleil de 11h. Je dépasse un tout petit village (qui n'est d'ailleurs peut-être qu'une extension du véritable village initial) où une maison passe tout de même du Evanescence à fond. Plus loin, quelqu'un fait sécher ses vêtements sur les pierres. Je dépasse un second groupe au moment où le sentier surplombe une plage immaculée et continue jusqu'à un promontoire où je m'installe pour grignoter du chocolat et faire quelques calculs, face à la mer au lac. Étrangement, une trompette raisonne au loin. Le groupe me rejoint et s'éparpille autour de moi. Je reprend la marche vers un mur de pierres sacrées et une table de sacrifice où je m'installe pour couper mon saucisson5 qui se font face offrent une vue dégagée sur le lac et un îlot tout plat (mais renversé) et en longueur. Plus loin, les ruines d'un temple attirent l'attention de tous les touristes du lieux. Je ne m'arrête pas et poursuis sur un chemin déserté par les touristes trop occupés à marcher en groupe, écouter leur guide et faire leur visite expresse6. Le chemin grimpe au sommet d'une colline d'où la vue sur le temple est beaucoup plus belle que d'en bas puisque surplombante (c'est ce que j'ai noté, je sais pas si ça a beaucoup de sens en bon français...). Tout autour on voit les montagnes qui encerclent le lac (et donc le Pérou, vers par là).
Puisqu'il n'est pas très tard, que je n'ai plus rien à faire au nord et que j'ai la flemme de faire semblant de me socialiser avec les hippies de la plage, je prend la route du Sud. Par le plus pur hasard des choses (vrai de vrai) je m'engage au même moment qu'un trio voyageant visiblement ensemble et dont j'avais repéré l'une des membres pour sa tenue ne pouvant que me plaire (tee-shirt manches longues bleu turquoise sous un tee-shirt rose fluo comme-mes-cheveux-quand-je-viens-de-faire-la-teinture). Comme ce sont des gens plus sociables que moi, ils entament la conversation, et je fais l'effort de m'intégrer, ce qui se passe assez bien, la différence d'âge étant quasi-nulle. C'est ainsi que je rejoins la ville-du-sud-dont-j-ai-oublié-le-nom en compagnie de N. (la texane aux jolis tee-shirt), M. (l'allemande, infirmière bénévole avec N. dans un dispensaire péruvien) et M. (doctorant tchèque en agronomie qui vient de passer un mois à collecter des échantillons en Amazonie). Chemin faisant, nous traversons les trois communautés de l'île (le nord, le centre et le sud. Original. Nan mais en fait elles ont des noms, mais vous vous doutez bien que je les ai oubliés, hein.); c'est beau comme toujours. Notre compagnon agronome nous apprend que les eucalyptus dont nous traversons un bosquet sont des insecticides naturels. Et puisque tout se passe bien avec eux, et que ça m'occupe, je pars de l'île avec eux pour les accompagner dans leur visite des Islas Flotantes, après un petit sprint dans la dernière descente pour rejoindre le bateau à l'heure.
De retour sur le toit du bateau, l'ambiance est chaleureuse et internationale, je discute avec un couple belge proche de la soixantaine et un couple anglo-suédois plus jeune. On parle de voyage, de festivals... Le fils du couple belge a passé six mois au nord du Canada, à la frontière avec l'Alaska où il a pris en plus de ses cours de Maths et de Physique, des cours de Techniques de Survie en milieu aux températures extrêmes et de Biodiversité Arctique. Je suis très jaloux.
Les Islas Flotantes dont je vous ferai grâce de la traduction sont de petites constructions marrantes construites à proximité du rivage (mais il faut une demi-heure de bateau depuis Copacabana pour les rejoindre). Les plateformes sont désertes puisque nous arrivons en fin de journée, ce qui nous permet d'en profiter tranquillement. Après avoir assisté à la pêche de notre repas (truites d'élevage dont la ferme est attachée à notre plateforme) et que ceux qui ne sont pas dégoûtés ou qui refusent de s'amuser avec un être vivant se soient divertis en les prenant en main, nous escaladons le pic rocheux adjacent, profitant du coucher de soleil et d'une très belle vue. Nous dégustons dans une ambiance conviviale notre excellent dîner (la truite pêchée plus tôt, et le traditionnel combo patate et riz).
En rentrant à Copacabana avec la nuit, nous pouvons admirer le début de l'orage sur le lac qui, associé à la lumière rouge-orange du crépuscule rappelle fortement le Mordor aux fans du Seigneur des Anneaux que nous sommes... Après une petite balade dans les rues de la ville, nous finissons la soirée autour d'un chocolat chaud dans un bar proche de la plage, et discutant gaiement en anglais en espagnol.
Je retourne dans mon hôtel, où j'obtiens de ne payer qu'un seul lit cette fois (la différence n'étant pas proportionnelle, je doute d'avoir payer les trois lits la nuit précédente) et le lendemain, après avoir salué de loin les filles embarquant dans leur bus pour le Pérou, je monte dans le mien pour rentrer à La Paz. Pas de crevaison cette fois, mais à la faveur du jour je remarque un drôle de monument sur la berge du lac Titikaka: édifié à la gloire de Don Eduardo Avaria, héros de la Guerre du Pacifique, on peut voir sur un côté de la stèle la représentation d'un soldat bolivien plantant sa baïonnette dans la gorge d'un soldat (chilien, je pense) sous la citation "Lo que un día fue nuestro, nuestro otra vez sera"7; tandis que l'autre côté représente un officier de la marine faisant la salut militaire en haut d'une falaise maritime, accompagné par un soldat qui tient un ouvrier par l'épaule, ce dernier tenant le drapeau bolivien et aux pieds de tout ce beau monde, une femme en habit traditionnel avec son enfant sur le dos prie à genoux; dans le ciel, des avions de chasse et la phrase "Bolivía reclama su salida al "Mar" ". Je voulais pas faire plusieurs phrases. Ça c'est remarqué?

Vous connaissez déjà ce que j'ai fait de ma dernière journée à La Paz, il ne restera donc plus qu'à raconter mon retour à Santiago pour conclure ce mois sur la route...
En attendant, je vais regarder Hunger Games, lire l'histoire des mathématiques, et tout plein d'autres choses follement amusantes...


1: Toujours se dévaloriser, c'est tendance et ça rend cool.
2: J'aurais peut-être dû le mettre là ça. Et oui les numéros sont pas dans le bon ordre.
3: Au Liban aussi, j'avais réussi à deviner du premier coup que mes interlocuteurs étaient profs. Et pis d'autres fois où j'ai eu la présomption mais pas la confirmation. Je sais pas s'ils sont si facilement reconnaissables, ou si je devrais passer à Incroyables Talents pour en ressortir riche et célèbre. Je pourrais aussi louer mes services à tout bon fondamentaliste haineux désireux de faire la chasse à cette race ignoble que le professorat. Y'a une niche, là, j'le sens.
4: Même si je n'en ai pas expérimenté depuis mon arrivée, j'ai suffisamment entendu parler des tremblements de terre de cette partie du continent (l'ouest) pour justifier les guillemets.
5: Déjà, y'a pas de saucisson sur ce continent (enfin y'a des trucs qui s'en rapprochent, mais bon), et ceux qui me connaisse savent très bien que j'ai tout naturellement oublié de prendre des provisions, ce qui est quand même un minimum quand on envisage une journée de marche en plein soleil.
6: Alors, là il faut bien vous dire que je ne sais pas encore que je ne vais pas passer la nuit sur l'île, et que je pense avoir donc beaucoup plus de temps qu'eux.
7: "Ce qui un jour fut nôtre, sera nôtre de nouveau."

samedi 18 août 2012

(Co)coroico

(Ok, c'est vraiment nul comme jeu de mot. Pardon.)

Coroico, donc. Village de villégiature dans les montagnes au nord-est de La Paz (mais tout de même 2000m plus bas), au début de la jungle. Il est fait chaud le jour et relativement bon la nuit. le village est plutôt joli et calme. On y accède par trois heures de routes montagneuse en bord de ravin ou au sommet de crêtes, mais cette route est infiniment plus sécurisée que son ancienne version un peu plus en contrebas, ne faisant que 3m de large et ayant officiellement reçu le nom de "Route la plus perilleuse du monde"1.
Puisque nous sommes arrivés tôt, nous pouvons commencer la première balade le jour même, après avoir erré une petite heure à la recherche d'une auberge (nous dormirons finalement pour 3 dans un hôtel sommaire en travaux, mais suffisant pour une nuit.
La balade en question, dite "Balade des cascades" nous entraîne pendant deux heure le long d'un étroits sentiers parfois recouvert par les hautes herbes dans les collines alentours avec une superbe vue sur la vallée, accompagnés par la musique d'une fanfare répétant plus bas et par un RNIMG2 faisant des allers retours entre les trois autres et moi les ayant distanciés. Nous débouchons aux alentours de 14h, après avoir plusieurs fois repoussé l'heure du pique-nique à la première cascade du parcours, entourée de végétation mi-jungle mi-forêt. La partie triste du décor, c'est le bassin artificiel qui bouche l'écoulement de la cascade, le grillage qui empêche son accès et les tuyaux qui traversent le paysages pour acheminer l'eau dans la vallée. Mais bon, ils ont quand même le droit de boire ces braves gens.
Nous faisons la pause déjeuner sur place, avant de redescendre par un autre chemin vers d'autres cascades. La plupart sont de minces filets d'eau, mais c'est l'occasion de voir la végétation locale et de découvrir le cri étrange d'un oiseau noir jaune.
Lorsque enfin nous atteignons la dernière cascade, la déception des filles de ne pas pouvoir s'y baigner faute de bassin est compensée par l'agréable promontoire que nous atteignons par une petite escalade et ou nous nous reposons tranquillement quelques minutes.
Le retour est plus compliqué: les mini-bus que nous croisons en direction de Coroico ne nous prennent pas et nous ne trouvons pas de taxi avant une autre bonne demi-heure de marche, dans un petit rassemblement de maisons où nous pouvons allonger la liste des choses vues improbable dans ce pays en croisant un jeune garçon, un perroquet vert et jaune sur l'épaule.

Nous décidons d'honorer notre soirée loin du bruit des voitures et des klaxons par un restaurant, mais découvrons avec effroi dans le premier où nous entrons que le service est assuré par des enfants3. Nous décidons alors de changer de retaurant pour nous retrouver dans la même situation et nous résigner, fortement déconcertés.

Le lendemain, lever tôt pour marcher à la fraîche: l'objectif est le sommet surplombant la ville. La montée est relativement rude et les filles préfèrent s'arrêter pour profiter du soleil et du paysage à mi-chemin, tandis que S. et moi continuons sur la dernière partie, la plus difficile, avant d'atteindre le sommet du Cerro Hichumachi 500m au dessus de notre point de départ (à 1789m). Le chemin s'enfonce ensuite dans la forêt présente au sommet pour rallier chacun des deux autres sommets tout proches. Nous nous y enfonçons pendant une demi-heure avant de faire demi-tour, par flemme de pousser plus loin, malgré l'incroyable décor qui nous entoure, à mi-chemin entre les forêts européennes et la jungle tropicale.
Après avoir rejoins les filles, nous redescendons au village (en courant pour ma part, c'est plus drôle) prendre notre bus du retour et tralalala pouète.


1: cette route de 64km de long, mortelle, est aujourd'hui réservée à des descentes périlleuses à vélo. Malheureusement nous n'avons pas eu le temps de la tenter.
2: Rapace Non Identifié Mais Gros
3: Ce ne sont pas les premiers enfants que nous voyons travailler, mais la bonne tenue des lieux déteignant nettement avec le travail d'enfants...

Ci Vis Pacem, Para Bellum

Reprenons où je vous avais laissés: au départ de Sucre.
Nous avons donc quitté Sucre et ses dames venant mendier dans les magasins (à qui j'ai remis ma mandarine) pour un trajet nocturne jusqu'à La Paz, en bus-lit, première classe1 style mesdames et messieurs.
Pas d'enlisement cette fois-ci, je termine le Voyage et un Boris Vian qui traînait dans mon sac. Sur les coups de une heure ou deux du matin, le bus s'arrête au milieu d'un village un peu désert et on descend pour la pause pipi... sans toilettes. Du coup, avec S. on s'éloigne un peu vers un arbre dans une rue large mais non éclairée relativement proche. Comme toujours, on est entourés de chiens, sauf que ceux là sont d'humeur à aboyer et moi d'humeur à les exciter en leur répondant. C'est marrant jusqu'au moment où on réalise que ces abrutis, en plus d'être gros sont malins et se sont regroupés à quatre pour nous couper la route vers le bus, grognent de plus en plus fort et finissent par appeler en renfort leur espèce de chef de meute qui surgit de derrière un mur d'environ deux mètres pour nous foncer dessus. Trouillard et stupide, je tente de passer les lignes ennemis et me fait happer le mollet par l'un des chiens. L'épaisseur du jean et le mouvement l'ont empêché de me saisir, mais j'ai quand même, en plus d'une égratignure une petite balafre en haut du mollet. L'adrénaline aidant, ça me fait bien rire. On désinfecte et on repart.2

Arrivée à La Paz après une nuit blanche dans les bus de plus (en tout cas pour moi3), on commence en douceur en se faisant voler le sac à dos de S. pendant qu'on cherche une auberge dans le guide. Le truc ouf' c'est qu'en prenant, dépités, le taxi vers notre auberge, on croise le mec qui nous avait bousculés un peu plus tôt et qui porte le sac en question. Comme c'est un vieux et qu'on est quatre à sortir du taxi, plus le chauffeur qui nous propose d'appeler la police, il fait pas d'histoire et rend gentillemment le sac avant de tenter de s'éclipser rapidement en taxi (au cas où on appellerait effectivement la policía locale.

Sur ces péripéties justifiant le titre de ce message, on arrive à l'auberge, laisse nos sacs parce qu'il n'est que 8h, on va prendre un gros petit-déjeuner dans un restaurant de la rue pour touriste (pleine d'agences de voyages et d'organisation d'excursions) et on se sépare, les filles allant se balader et s'installer à l'auberge, les deux boiteux allant chercher des soins dans une clinique de l'autre côté de la ville. Là-bas, on apprend que l'ongle de S. est quasiment guéri, et que je n'ai pas besoin de me faire vacciner contre la rage car la plaie n'est pas assez profonde. Cool. ceci dit, j'ai encore la marque de la grande balafre quatre semaines plus tard, et j'ai eu droit à l'apparition d'un hématome qui est passé par toutes les couleurs. Mais bon, on a rien sans rien, hein.
L'après-midi est consacrée à trouver un endroit pas trop cher pour manger (raté, on finira dans un restau à tarifs moyens — ceci dit en Bolivie, prix moyen c'est 5€, hein — qui a eu l'ambition de me servir un steak sauce Roquefort — raté aussi, c'était pas mauvais, mais c'était pas du Roquefort! ) et d'aller glander au ciné.
on se retrouve dans un premier temps à la Cinemateca qui a apparemment un budget confortable, sans doute grâce au fait qu'ils passent des films populaires (Spiderman, Batman ...). On opte pour un film d'art et essai uruguayen, La vida útil, qui aura mis K.O. L. et S. : c'est un film sur la fermeture de la cinémathèque de Montevideo qui dérape en méta-film hommage au cinéma. Mais c'est très lent (bien que court, seulement 1h). Pas exceptionnel, mais j'ai trouvé ça intéressant. Ceci dit, le groupe est globalement déçu de l'expérience, ne serait-ce que par la dure du film, du coup on décide d'aller jeter un coup d'œil au multiplexe un peu plus loin et on se fait le dernier Woody Allen, qui fait du Woody Allen, ni plus ni moins. Un bon moment4, mais pas du cinéma révolutionnaire.

Le lendemain, après une grasse matinée (levé 10h!) méritée, on se balade en ville (et on continue d'halluciner sur les fils électriques dans tous les sens, les bâtiments à moitié construits et les maisons à fleur de montagne) avant d'aller au musée d'Ethnographie et Folklore. Je suis pas particulièrement intéressé par l'histoire des différents motifs de tissus, mais je dois reconnaître que la multitude de significations (chaque peuple a ses propres motifs et leur signification, le pays comptant une multitudes d'ethnies différentes) des tissus donne un panorama impressionnant de la richesse et diversité culturelle du pays. Comme à Sucre, il y a une salle dédiée au masque, et on retrouve le personnage chargé de danser pendant trois jours jusqu'à la mort d'épuisement (c'est un statut honorifique, le jeune homme est choisi parmi les plus valeureux et se doit passer la nuit avec une fille vierge la veille de la danse). À noter qu'il se créé encore de nouveaux personnages de danse, la tradition n'est pas figée.
On traverse les salles poteries (et sa frise comparative des découvertes et avancées technologiques dans les différentes aires culturelles mondiales — en Méditerranée, on est des attardés sur à peu près tout). S'ensuit une galerie retraçant l'histoire de la Bolivie de son peuplement (et ses deux hypothèses: à pied par le détroit du Beiring ou en bateau depuis l'Océanie, les deux semblant bien étayées et pouvant coexister). Une brève partie art contemporain est plutôt bien faite en fin de visite.
Une pause goûter, et direction le point de vue Kilikili qui offre une vue surplombante sur la ville et permet de constater à quel point la ville est cernée par les montagnes qu'elle escalade, s'étendant jusqu'au sommet des crêtes. C'est impressionnant et plutôt jolie, d'autant que tout est à peu près de la même couleur brique5.
Après un tour de quelques librairies où j'ai la flemme d'acheter des bouquins boliviens qui ont pourtant l'air intéressants (entre autre parce que je n'ai toujours pas lu ceux que j'ai ramenés d'Irlande en 2008), on rentre à l'hostal, dîne, rencontre une amie des fille de façon improbable et voilà.

Nous passons les deux jours suivants à Coroico, ce qui fera l'objet d'un autre post.

De retour le mercredi soir à La Paz, on réussit en se démenant un peu à trouver une avant-première (les films sortent le jeudi en Bolivie) en anglais sous-titré du nouveau Batman. On fait les gros au Burger King avant (comme annoncé par S. : meilleur que MacDo, moins bon qu'un B.I.A., mais franchement décent pour un fast-food. En terme de goût en tout cas. Après les principes, j'dis pas...). Batman: trop bon moment, surtout parce que quand même, j'l'attendais celui-là. Bon il est quand même moins bien que The Dark Knight, mais c'pas grave c'était une bonne soirée.
Le lendemain, on fait un tour à la feria de l'Alto (quartier perché de La Paz), où on peut trouver d'absolument tout, de la nourriture au matériel de bricolage en passant par des clés USB, des livres et des chaussures. On passe la soirée dans un bar reggae sympa où je goûte le white russian de S. . Une fois passé le goût d'alcool, c'est pas mauvais. Mais pas assez pour me convertir en alcoolique.
Le vendredi est dédié à la visite de Tiwanaku, ensemble de temples en ruine, du nom de la civilisation pré-inca les ayant bâtis. C'est globalement joli, mais j'ai quelques suspicions sur l'affirmation du guide qui indique dans certains motifs de la Puerta del Sol locale la présence des nombres 52, 12, 7 et 24 qui correspondraient aux semaines de l'année, mois de l'année, jours de la semaines et heures du jour. Déjà parce que les regroupements me paraissaient suspect et puis parce que le coup de la civilisation ancestrale tombée pile poile sur la même configuration que le calendrier grégorien (ou le découpage en semaines et mois est à peu près arbitraire — ou en tout cas plus lié à des facteurs historiques et humains qu'astrologiques). En plus notre guide n'est pas très intéressant, voire particulièrement agaçant: sa langue maternelle n'étant visiblement pas l'espagnol (là-dessus pas de problème), il répète inlassablement la même formule ("lo que vamos a poder observar" — "ce que l'on va pouvoir observer" ). Bref. Sinon, les trucs intéressants: les murs des temples ne sont pas tous construits avec les mêmes pierres, les plus exposés aux vents étant construits avec des pierres plus robustes; Evo Morales s'est vu reconnaître le pouvoir ici; trinité du monde représentée par le poisson, le puma et le condor. Et d'autres trucs dont je ne me souviens plus et que je n'ai pas notés.
Le retour se fait le ventre vide puisqu'on avait pas anticipé le prix (élevé) de l'entrée et qu'on est donc tous fauché.
S. et moi ressortons manger un burger après le repas qui nous a paru trop léger. Le burger en question coûtait 20 bolivianos, la palta (avocat) étant en supplément. Sauf qu'au moment de nous faire payer, le serveur nous annonce 40 bolivianos par burger. Ce qui correspond soit à deux burger, soit à un burger avec accès illimité au "salad bar". Du coup on grogne et on obtient de payer 20 bolivianos nos burger. Tentative d'arnaque de touristes du soir, bonsoir.
Au lieu de retourner au bar pour écouter de la musique comme c'était prévu, on joue au Yam's jusqu'à 2h du matin. Beaucoup plus raisonnable. J'avais prévu de partir le lendemain matin pour l'Isla del Sol, mais la nuit et pas l'envie de partir font que je reste encore la journée pour regarder avec eux le défilé La Entrada de los Estudiantes, longue procession d'étudiants regroupés par université et par département où chaque cortège choisi une dans traditionnelle et descend le Prado (surnom de l'avenue principale) en... dansant! (Surprise!)
C'est plutôt joli, mais lassant au bout de quelques heures. Du coup on va manger dans un restaurant populaire à 1€ le déjeuner (suffisant), on se prend café/chocolat chaud dans un bar plus "touristique" en jouant au Yam's (again). J'aligne les scores d'effronté, puis je me sépare du groupe6, direction le lac Titikaka. Ce qui fera l'objet d'un autre billet.

De retour à La Paz, avec pas grand chose à y faire, de la fatigue dans les pattes et un bus pour Arica à 6h le lendemain, je me contente de me balader à pied pour aller chercher mon ticket de bus puis aller au cinéma. Devant le choix astronomique dont je dispose, je me rabat sur Valiente, le dernier Pixar (Rebelle en français) en version espagnole. C'est pas mal. La volonté affichée de faire un film ou le personnage féminin n'est pas une princesse terne et passive et tout à leur honneur, mais bon y'a quand même encore pas mal de truc à revoir (exemple: sa mère lui répète tout le temps ce que doit être ou ne pas être une princesse, et ça ne l'intéresse pas; mais pour sauver sa mère, elle doit quand même mettre ce qu'elle lui a appris en pratique — la couture. Évidemment, sa mère lui fout la paix à un moment donné du film, mais n'empêche, faudrait surtout pas qu'elle rejette TOUT ce qu'on lui a appris. Elle a droit à un peu plus de liberté parce qu'elle l'a mérité, mais faudrait voir à pas trop s'éloigner de sa nature quand même.). Je sais pas pourquoi mais chaque fois que la musique (celtique) commençait, je me mettais à pleurer, sans absolument aucune raison liée à l'histoire. Soit j'étais très fatigué, soit l'Irlande me manque vraiment plus que je ne pouvais l'imaginer. Hmm.


1: C'était en fait la seule classe disponible à bord de ce bus et également le seul bus qu'on pouvait prendre. Rien à voir avec une volonté marquée de se différencier du commun dans nos déplacements.
2: Ouai, alors au début, j'avais vaguement prévu d'écrire ça du point de vue du chien, mais alors là j'ai une de ces flemme de le faire...
3: Mais c'est pas grave, j'ai développé une technique jedi pour ne pas m'énerver, ne pas paniquer et ne pas voir les minutes s'écouler.
4: Forcément, y'avait Ellen Page...
5: Plus claires que celles du Nord ou du Royaume Uni par contre.
6: Je dois être le mercredi à Santiago, donc rentrer le lundi à La Paz, ce qui est le jour où ils ont prévu d'aller au lac Titikaka. Du coup, comme je suis pas fan de La Paz et que quand même ce serait bête de rater Titikaka, je pars en avance.

vendredi 17 août 2012

Back from the Dead



Je vais pas faire semblant de donner des excuses: j'avais la flemme et j'avais prévenu, alors voilà. Mais bon, ça veut pas dire que j'ai rien à dire so I'm back from the dead.

lundi 30 juillet 2012

Un p'tit tour et puis s'en va

Avant toute chose,bonjour une anecdote oubliée dans le post précédent. Nous avons mangé à Sucre dans un restaurant végétarien expresse. Le restaurant n'est ouvert que de 12 à 14h, les assiettes des entrées sont déjà prêtes sur les tables (mais pas partout, il n'y a apparement pas assez d'assiettes!) et sitôt un plat terminé, on vous envlève l'assiette et on la remplace par la suite. Indépendament de l'avancement des compagnons de tablées. Tout est réglé comme une pendule à tel point que le repas est expédié en moins d'une demi heure. En plus c'était pas super bon et le jus fruit était franchement louche (on n'y a pas touché). Passons à autre chose.

Avec un jour de retard (pour cause de maladie de B.) et donc pour un jour de moins que prévu (pour cause de départ à La Paz) et sans le compañero (pour cause de pied à soigner), nous partons dans un trekk d'un jour et demi en direction du cratère de Maragua. Nous quittons l'auberge à 05h30, laissons nos sacs à l'agence Condor Trekker et embarquons avec nos 9 autres compagnons de marches, deux volontaires américains de l'agence (dont le très drôle J.) et deux guides locaux (dont l'un est une mine d'information que L. tentera en vain d'épuiser). Arrivés au point de départ de la marche, nous prenons un copieux petit-déjeuner devant une petite chapelle et le buste d'un indigène s'étant insurgé contre les espagnols en menant une insurrection de 7000 hommes. Le guide fait la première explication et me demande de traduire en anglais au groupe qui ne parle pas espagnol (nous sommes les seuls à le comprendre et les filles le parlent mieux que moi, mais je parle mieux anglais et j'avais eu le malheur de dire au guide qu'il pouvait me parler en espagnol au contraire des autres). C'est marrant à faire, mais ej n'ai toujours pas compris pourquoi moi, sachant que le volontaire J. parle très bien espagnol...
Nous entamons la marche sur un chemin de montagne pré-hispanique restauré mais dont le tracé existait déjà avant l'arrivée des Incas dans la région (au XIIème ou XIIIème siècle). Nous descendons jusqu'au fond de la vallée à flanc de montagne. Évidement, c'est fou. Nous atteignons une rivière, la longeons un peu, traversons un pont suspendu en cordes et planches (et c'est rigolo) avant de descendre pour le déjeuner sur une petite "plage" bordant une cascade où se baignent les plus courageux. Le déjeuner (que nous portions) est conséquent et franchement bon, le fromage vallant à lui seul le déplacement!
après s'être un peu reposé, nous reprenons la marche par une belle ascencion qui nous fait prendre 250m d'altitude en quelques dizaines de minutes. C'est la partie la plus difficile de l'expédition. Nous arrivons au sommet de la crête et pouvons contempler le chemin parcouru depuis le petit matin, c'est impressionant (surtout le paysage). Nous croisons des enfants des villages du coin qu'un anglais photographie tout en marchant ("oh! des pauvres! Souriez pour moi s'il vous plaît!". Grr. Il ne pensait sûrement pas à mal, mais le geste m'a énervé. Je nous trouve déjà suffisament envahissant à nous balader en étalant nos richesses sous forne d'équipement et d'appareils électroniques pour ne pas encore en rajouter...). Ceci dit, il a une vie plutôt cool: il est prof de sport, et avec sa copine (qui, avec ses lunettes, est le sosie d'une certaine berlinoise chez qui j'ai pu trouver refuge cette année - déconcertant), ils travaillent six mois de temps en temps pour se payer les voyages le reste du temps. Nous croisons également du bétail en arrivant dans le cratère (qui n'est en fait absoluement pas lié à un impact quelconque, mais un lac créé par la formation des cordillières qui s'est ensuite asséché), voyons une impressionante cascade de haut (qui s'appelle La Gorga del Diablo, la traduction est évidente) puis rejoigons le refuge pour la nuit, particulièrement cosy.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'au cours du repas collectif et convivial, j'appred que les étrangers ont peur de venir en France parce que les français ont la réputation de ne pas les aimer. Ça m'attriste pas mal, et je suis encore plus déconcerté lorsqu'au moment de raconter des blagues, les seules qui nous viennent à l'esprit sont des blagues rascistes. Heureusement, j'en connais quand même d'autres...

Le lendemain matin, le départ pour les trois heures de marches se fait après un petit déjeuner à base de flocons d'avoines (dont je ne raffole pas). Nous entamons la sortie du cratère que je n'ai pas encore décrit, mais je ne trouve pas les mots là tout de suite, faudra me demander plus tard. Le paysage est toujours magnifique et multicolore (rouge, vert, bleu, jaune - encore une fois pour cause de minéraux). Il y a beacoup de poussières sur le chemin, blanche ou rouge. Nous déjeunons le long d'un aqueduc, sur un chemin de terre rouge, et je m'occupe personnelement de finir le stock de fromage. Le trekk se termine alors, après quelques minutes de marche et un trajet en bus qui, entre autre, traverse une rivière au pied d'un pont en construction.

De retour à l'agence, j'attend les filles partis faire un tour et S. qui doit nous y rejoindre. Je découvre, amusé que les chiens se font parfois adopter, celui adopté par l'agence se nommant Blackie, référence évidente à sa couleur. Après un passage chez C. pour le goûter et récupérer nos sandwichs, nous nous entassons à 8 dans un taxi sous l'oeil hilare d'un policier pour rejoindre le terminal et embarquer dans notre bus en direction de La Paz...

jeudi 26 juillet 2012

Et un peu de Sucre en poudre...

Une petite chanson pour vous accompagner dans la lecture de cet article au titre plus que douteux.

S. et moi arrivons donc après notre périple en autobus (et la découvert de la version bolivienne du semi-cama qui n'est autre que l'ancienne version chilienne: les bus gagnant une seconde vie en passant la frontière visiblement) à Sucre dans des conditions pour le moins improbables: à 3h du matin sans endroit où aller et sans hôtel ouvert à proximité du terminal. On prend l'option "réveiller les filles et voir ce qu'il se passera" ce qui nous emmène à travers la ville jusqu'à leur hôtel, fermé et complet. Nous passons tout de même quelques minutes à converser et nous raconter nos vies à travers une petite ouverture grillagée dans la porte en bois1. Finalement, S. et moi allons passer quelques heures dans l'hôtel d'à côté avant de rejoindre celui des filles après notre courte nuit, pour un petit déjeuner au soleil précédant une balade en ville.

Sucre est une petite ville du centre de la Bolivie dont le centre ville, de style colonial est tout mimi avec ces bâtisses blanches, ces rues plutôt calmes et sa météo clémente (il fait bon, malgré les quelques 2000m d'altitude).Je em dis que c'est peut-être la première ville d'Amérique Latine que je rencontre où je pourrais envisager de venir passer quelque temps tant elle diffère de l'empilement de maisons moches caractérisant toutes les autres villes rencontrées. Néanmoins cet avis changera lorsqu'à la faveurs d'une balade dans la nature alentours, je traverserai la ville "réelle" en dehors du centre-ville: un ensemble de maisons en brique claires, souvent inachevées, parfois encore en construction, dans la poussière et entouré du bétail (chèvres et porcs) de la famille. Entendons-nous bien: je ne dis pas que cette ville ne mérite pas d'y vivre à cause de sa réalité, je dis que l'image de carte postale qu'elle envoie en premier abord ne traduit pas sa réalité.

Après avoir attendu désespérement l'ouverture d'une église (la plus belle de Bolivie d'après le Lonely PLanet) fermée pour cause de travaux, nous nous dirigeons tranquillement (rapport à l'orteil violet du compadre) vers le mirador, point de vue sur la ville depuis le sommet d'une petite colline, en oubliant pas d'acheter des pâtisseries sur la route pour nous gaver accompagner limonade et jus de fruits pris là-haut.
Nous finissons la journée dans le petit restaurant français tenu par C., bon gaulois bourru, où nous dégustons quiche lorraine et crêpes. Ce restaurant sera notre repairs pendant les jours suivant, après avoir été celui d'à peu près tous les francophones de passages à Sucre désireux de profiter d'un peu de bouffe franchouillarde (du pâté, mes amis, du pâté! Et du bon!).

L'excursion aux Siete Cascadas du lendemain se fait en efectif réduit, puisque B. tombe malade dans la nuit et vient rejoindre le boiteux dans le cas des immobiles de la journée. C'est donc à deux que nous partons, accompagnés de D. notre guide bolivien, étudiant en tourisme et anglais organisant de petites excursions hors agence pour payer ses études. Nous commencons par sortir de la ville pour nous balader dans la nature en direction d'un ruisseau dévalant la colline et dont les formations rocheuses permettent de créer septs petites cascades et quelques retenues d'eau de cette eau limpide. Après un peu d'escalade pour un meilleur point de vue, nous nous installons quelques temps pour profiter du paysage et poursuivre notre discussion avec notre guide qui, bien que sympa, s'avère ultra-nationaliste: les péruviens sont tous des voleurs et les seuls voleurs de Bolivie sont péruviens, toutes les danses traditionnelles liées au dieu Tío2 sont originaires de Bolivie (c'est vrai, mais il nous l'a tellement rabâché que ça devenait épuisant) ou encore la guerre du Pacifique3> n'a pas eu lieu, les chiliens ayant profités d'un carnaval en Bolivie et au Pérou pour les envahir (c'est éminemment faux).
Nous aurons tout de même pu apprendre qu'Evo Morales fait beaucoup pour la campagne bolivienne, par exemple en facilitant l'accès à de meilleurs outils pour augmenter la production et l'indépendance des paysans; que le racisme anti-indigène (tendance chez les descendants blancs des colons) est passible de prison et que pour travailler dans le service publique il faut parler au moins une langue indigène en plus de l'espagnol4.
Sur le chemin du retour, après une petite grimpette, nous croisons vaches et chèvres, petit garçon ayant perdu ses vaches, dame ayant également perdu ses vaches (dans les deux cas, nous indiquons où elle sont puisque nous les avons croisées), L. apprend quelques mots de Quechua avec une dame qui nous vend du Coca de coca (vachement bon), nous apercevons des poupées de chiffons grandeur nature pendues aux poteaux électrique et apprenons que c'est un message à destination des voleurs ("voilà ce qu'on fait aux voleurs ici!" Hmm, hmm.), des cochons mangeant dans les détritus5, de la viande en plein air (comme sur tous les marchés boliviens) et des DVD pirates du dernier Spider-Man, sorti quelques jours plus tôt.

Puisque B. était malade, nous avons décalé le trekk prévu pour le jeudi au vendredi et profitons donc de notre jour bonus pour faire du shopping (un poncho, une veste en laine - je sais, ça change! - et une ceinture jolie pour ma part) et aller voir un film brésilien dont personne n'a retenu le nom6 dans l'auditorium d'un musée où nous avons pu regarder quelques masques traditionnels, impressionants.

Avant de terminer ce post sur Sucre, deux anecdotes: il y a un espèce de lynchen qui pousse sur les fils électriques et à côté d'un bâtiment administratif, on peut trouver une demi-douzaine de scribes équipés de machines à écrire, rappel pour nous touristes occidentaux que le taux d'alphabétisation du pays n'a pas encore atteint les 100%...


1: Dans une autre vie, un peu moins citadins, un peu plus sédentaires, nous aurions certainnement été de très bons voisins, occupés à palabrer à longueur de journée par dessus nos haies respectives, échanger les derniers ragôts du voisinage et se plaindre du beau temps qu'on attend toujours pour les betteraves du potager...
2: Le dieu sous-terrain, créé pour le smineurs qui mourraient sous-terre sans pouvoir être remontés et honorés comme il se doit.
3: Guerre entre le Chili, le Pérou et la Bolivie au milieu du XVIIIème siècle qui a vu l'annexation de l'extrême nord (péruvien) et de l'Atacama (bolivien) par le Chili, privant la Bolivie de son accès à la mer.
4: À ce propos, un fait qui mérite d'être noté: les policiers boliviens, en plus du drapeau national arborent le drapeau indigène en écusson sur leur uniforme. Je trouve ça vachement bien.
5: Malgré les fréquents panneaux Cuidemos el medio ambiente (nous faisons attention à l'environnement), la Bolivie comporte de nombreuses décharges à ciel ouverts au bord des routes, même si l'absence quasi-totale de poubelles est compensée par des travailleurs de nuit chargés de nettoyer les rues.
6: Il s'agissait d'une comédie romantique dont les rebondissements étaient prévisibles, mais toutefois attendrissante car centrée sur des soixantenaires.

mardi 24 juillet 2012

¡Hasta la Bolivia!

Voilà maintenant plus d'une semaine que je suis en Bolivie, et je n'ai toujours rien écrit dessus! Que de retard! Tachons dès à présent de le combler quelque peu.

Nous sommes donc lundi matin, il est 6h du matin et S. et moi attendons dans le froid mordant de l'aube Calamienne notre bus pour Uyuni (oui, j'y suis déjà passé, mais bon). Devant nous, quelques chiens déchiquètent des sacs poubelles pour y chercher à manger ou peut-être le ticket de loto gagnant qu'un malheureux alcoolique aurais jeté dans un instant d'ébriété égarement. Après avoir vu les mineurs partir dans les transports communs en direction de la fameuse Chuqui1 et une petite heure de retard et d'attente debout, nous embarquons enfion dans notre bus, direction la frontière. À la frontière chilienne, après avoir de nouveau rendu le titre de séjour (S. y laisse sa carte d'identité chilienne périmée depuis trois jours), nous changeons de bus (les véhicules chiliens ne vont jamais en Bolivie, c'est trop compliqués pour eux), et notre nouveau véhicule disposent de 5 places en moins que le précédent qui était plein, ce qui génère une légère confusion qui sera réglée lorsque les deux personnes n'ayant pas trouvé de place pour s'asseoir (les autres se tassent ou utilisent le sol au fond du bus) embarquent dans un autre bus à la frontière bolivienne. D'ailleurs, la frontière bolivienne2, parlons-en! Pour atteindre le poste d'immigration depuis l'arrêt du bus il faut ni plus ni moins "enjamber"3 un train de marchandise arrêté mais dont la locomotive semble en marche4. Une troupe de motard tout équipé prend la direction du désert et me fait envie.

Nous arrivons finalement à Uyuni, ville désertique déjà mentionnée. À première vue tout semble délabré, vide et poussiéreux, mais le centre ville quoique tout aussi poussièreux est un peu plus animé. On voit que c'est une ville ouvrière (dans un pays de gauche) à l'immense statue d'ouvrier du rail sur l'une des avenues principales et à la fresque dédiée à la solidarité entre les peuples latino-américains. On croise, comme dans toute la Bolivie, des gens (de tous âges) en habits traditionnels, les femmes avec leurs deux longues tresses et leur chapeau portant de lourds chargement (ça peut être des enfants) dans des baluchons faits en nappes aux couleurs fluos5.
On passe à la fraîche clinique locale pour que S. s'entende donner le choix entre trois options de guerison de son ongle incarné (gros orteil, pas de bol): l'arrachage barbare, la découpe un peu moins barbare et les antibiotiques inefficaces. Il choisit l'option inefficace en attendant Sucre. Ensuite, on enchaîne sur un petit restau touristique local histoire de ne pas manger que des sandwichs pendant 24h. Je prend (minute Instagram, sans les photos) des lamelles de lama séchées dans le Salar. C'est bon mais c'est plutôt du sel au lama. Après ce délicieux repas, embarquement dans le bus semi-cama en direction de Sucre où nous attendent les filles.
Regarder Le Baiser Mortel du Dragon est certes marrant (Jet Li en espagnol!) mais pas autant que l'ensablement du bus dix minutes après la sortie d'Uyuni! On galère un peu, on pousse et on utilise les planches du chantier devant lequel on s'est ensablés (au fait, il fait nuit), mais on s'en sort et on peut finir sans d'autre accrocs que le froid et l'absence de sommeil.


1: Mais si, souvenez-vous, celle que je n'ai pas pu visiter! (Rancoeur du jour bonjour)
2: Pas la même que la dernière fois. Vous vous imaginez un bus traverser le désert? Non mais franchement...
3: Comprendre: passer par le marchepied en queue d'un wagon, ce qui m'a fortement fait penser aux Vagabonds du rails, le bouquin de Jack London sur son expérience de hobo au début du XXème siècle.
4: Ouai, alors là c'est peut-être pas clair. En gros, le moteur semblait allumé, mais je sais pas si on parle du moteur d'une locomotive, quoique je vois pas pourquoi on ne le fera pas.
5: Voilà, si jamais il existait parmi les lecteurs de ce blog des gens frustrés de ne pas avoir eu une description de la ville la derniêre fois, maintenant c'est fait.

jeudi 19 juillet 2012

Périple minier

Vendredi matin, un peu dépité par le programme qui s'annonce (ne pas pouvoir aller à Iquique et m'ennuyer pendant trois jours dans la ville de Calama, pour ceux qui n'ont pas lu le précédent post), je quitte San Pedro après une bonne nuit de sommeil et avoir fini Le Pavillon d'Or.
Sitôt arrivé à Calama, je tente ma chance dans une agence de bus et ô miracle, il reste des places pour Iquique le lendemian à 16h. Comme je dois être là pour le compadre, je prend le retour dans l'après-midi du lendemain, ce qui fait que je ne passerai qu'une quinzaine d'heures dans la ville portuaire, mais au moins, entre les trajets en bus de 7h et la visite d'Humberstone, ça me changera de Calama et ça m'occupera. Ceci fait, je file à l'office du tourisme où j'apprend à regret que la visite de la mine de Chuquicamata, l'une des plus grande mine à ciel ouvert du monde1 affiche d'ores et déjà complet. néanmoins, on me suggère bien aimablement de laisser mon gros sac à l'office et de filer au point de rendez-vous de la visite y espérer un désistement, annoncé ou non.
Une fois là bas, j'attend une petite heure que soit passé le rendez-vous de ceux ayant réservé, sous le regard des mineurs imprimés sur les murs2. On m'annonce (ô joie) que je vais pouvoir visiter, on me donne mon billet et j'embarque même dans le bus, avant qu'un groupe de 9 personnes ne se décide à arriver, avec 15min de retard et réclamer leurs sièges, faisant valoir leur réservation de trois semaines. On nous (moi ainsi que 4 autres personnes dans la même situation) fait donc descendre et je perd (ô tristesse3) l'occasion de visiter ce lieu qu'on dit impressionant.

Je retourne donc en centre ville me chercher un hôtel, celui que j'avais choisi sur le guide du mec qui porte la terre en sac à dos (l'imbécile, c'est tellement plus facile de la faire rouler!) étant fermée. Je trouve, sur indication, un petit hostal, cher et glauque, mais qui ferra l'affaire pour une nuit, et je me met en quête de la bibliothèque où on m'a promi internet gratuit. Je trouve la bibliothèque, mais tous les postes sont occupés, je peux donc admirer cette précieuse institution composée ici de deux pièces comportant chacune une dizaine de rayonnage où s'entassent des livres vieux et abimés, ayant rarement l'air intéressant...
De plus en plus dépité, je quitte l'endroit et traverse le centre ville en direction du cyber pas cher que j'avais repéré depuis le bus me ramenant en ville après ma tentative ratée de visite de la mine. Ce faisant, je réalise que le Routard a bel et bien raison: cette ville est glauque. Au premier abord, j'avais, à la faveur d'une allée un peu verdoyante et de quelques bustes en bronze au soleil, cru la ville à peu près décente ñalgré l'avis du guide, mais je change à présent drastiquement d'avis: les rues sont sales, les gens ont l'air fatigués et les petits casinos4 glauques remplis de machines à sous pullulent. Du coup je passe sans remords plusieurs heures dans le cyber. En sortant, il fait nuit, et je m'empresse de rentrer dans mon trou après avoir mangé un (bon, tout de même, quoique ça ne vaut pas ceux que j'ai pu manger en France) burger péruvien. Je redécouvre alors ma chambre que je n'avais qu'entre-aperçue, le temps d'y laisser mes affaires: le tout ne semble pas sale, mais délabré. Le mur côté lit est composé de grandes plaques de bois reclouées, la salle de bain ne comporte qu'un lavabo et un trou dans le sol servant à l'évacuation d'eau de la douche dont on aperçoit encore le tuyaux (mais inexistante autrement), les draps sont propres mais le dessus de lit est troué en de nombreux endroits par les cendres de cigarettes et les murs sont tellement fins que j'entend le mec d'à côté grogner et un autre se raser par à-coups (une petite série de rasoir électrique toutes les 5minutes) quelques chambres plus loin. J'imagine très bien un gaillard dégarni et bedonant, en marcel et pantalon de pyjama rayé, macho et grande gueule, sortir et vociférer aue c'est pas bientôt fini c'bordel, y'em a qui dorment ici, bordel. Mais ça correspond pas trop à ma description du coup je reste dans le lit et je m'endors sur le début du Voyage au bout de la Nuit.
Le lendemain, après avoir quitté ce lieu réjouissant (et avoir été réveillé par le doux murmure de mon voisin s'étouffant et crachant ses poumons) et en avoir trouvé un mieux pour dimanche soir (nous partons à Uyuni le lundi matin très tôt), je retourne sur internet puis file vers Iquique. Mis à part la demi-heure de retard au départ et l'heure d'arrêt dans un dépôt sans raison, le voyage se passe bien et j'avance dans le Voyage. Arrivé à Iquique, un colectivo me dépose à l'auberge que m'avait indiqué un membre de CouchSurfing ne pouvant pas m'accueillir. Ambiance très sympa, je bois malgré l'heure tardive un coup avec la jeune gérante du lieu, une amie locale et un madrilennien de passage: ambiance auberge de jeunesse tranquille dans la tièdeur du soir. Le lendemain, lever tôt pour filer à la ville abandonnée de Humberstone, ancienne ville minière chargée d'exploiter le salpêtre. Comme c'est la fète à Tirana, village un peu plus haut, le tarif du transport est prohibitif et A., vieux chilien désirant lui aussi visiter la mine, m'aide à négocier le prix du transport en bus.

Le village d'Humberstone, classé au patrimoine mondial de l'humanité, est impressionant (ouai! J'ai tout dit comme tout le mode!). Perdu en plein désert, sortit de nulle part et intégralement dévoué à l'extraction du salpêtre, ce lieu a connu son heure de gloire jusqu'à la fin des années 50, si je ne dis pas de bêtise, ce qui est loin d'être certain. Dans les premières maisons, que je trouve bien larges pour être celles des ouvriers (et de fait, ce sont celles des chefs), sont exposés des objets du lieux et de l'époque qu'A. me nomme et qu'évidemment j'oublie. PLus loin, nous visitons l'école, ou`sont maintenus des tableaux et des bancs. Les murs sont couverts de petits grafitis, un certains nombre rendant hommage à des parents ou amis nés et ayant vécu ici. Dans une salle de classe, une série de panneaux porte le récit de la vie dans la ville par un ancien y ayant grandi. Partout, on trouve des des ustenciles ou des machines rouillés, des maisons à l'abandon. Je monte sur une petite dune pour avoir un point de vue global sur la ville et songe alors aux mineurs français du Nord, de St-Étienne ou d'Aveyron5, et me dit que j'aimerai bien connaître un peu mieux leur histoire, visiter leurs lieux. Après tout, ça fait un peu parti de mon histoire familiale.
Je visite encore les ateliers de fabrication des locomotives, de réparation des engins, le théâtre et le marché avant de m'en retourner.
Sur le chemin du retour, je peux apprécier la vue épustouflante d'Iquique que l'on rejoint par une route à flanc de colline surplombant les dunes de sables qui limitent la ville par l'est, l'océan se chargeant de la limiter à l'ouest... Je récupère mon sac à l'auberge et file prendre mon bus de retour pour Calama. Le séjour fut bref mais vallait la peine (quoique fuire de Calama une journée n'est pas vraimment une peine). La route du retour longeant le littoral est particulièrement agréable.
De retour à Calama, j'attend S. sur internet, après avoir eu droit aux recommendations joyeuses de la gérante de l'hostal: "en sortant d'ici, tu peux aller à gauche, c'est le centre-ville, mais ne vas pas à droite, il y a de la délinquance et de la violence.". Une courte nuit de sommeil, et en route pour la Bolivie, où nous attendent déjà les filles.


1: Pour l'univers et le reste, je manque un peu d'information, donc par respect pour la logique élémentaire je ne m'avancerai pas.
2: Dans un `bâtiment voisin des bureaux d'un important syndicat!
3: J'ai envie de mettre des "ô" partout aujourd'hui, peut-être la sortie du désert...
4: Plusieurs fois j'ai vu l'enseigne "juegos electronicos màs recientes" ("les jeux électroniques les plus récents") au-dessus de machines auxquelles jouaient peut-être ces saletés d'étudiants soixante-huitards en faisant leur tentative de révolution...
5: Et aux autres, en Grande Bretagne, et partout ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui qui furent et sont tout autant nécessaires que méprisés, et je me dit qu'il faudrait que je lise Germinal...

dimanche 15 juillet 2012

San Pedro de Atacama, seconde

À peine rentré du fabuleux tour précédement décrit, je m'attèle à organiser l'intervalle de temps qui me sépare des retrouvailles avec S. à Calama le dimanche (aujourd'hui, donc, dans le temps de l'écriture). San Pedro ne manque pas de trucs à voir, mais je voudrais aussi avoir le temps de filer sur Iquique voir la ville minière abandonnée de Humberstone et visiter la mine de Chiquicamata à proximité de Calama. J'opte donc pour la fameuse excursion des Geysers du Tatio ainsi que l'observation des étoiles accompagnée par un véritable astronome français (Le désert de l'Atacama, par son absence de nuage, en l'un des sites d'observation spatiale les plus rentables au monde en terme d'efficacité de l'observation). Mais ce sera pour le lendemain, je prend mon après-midi pour avancer le blog et me coucher tôt. Et pleurer sur mon destin: le voyage à Iquique comme je me l'imaginais semblant impossible pour cause de fête locale remplissant tous les bus; je risque donc de me retrouver bloqué trois jours dans Calama, ville minière mal famée, sans rien à faire (d'après le Routard).

Le jeudi, levé à 4h du matin pour filer observer les geysers au lever du soleil. Après une grosse heure de route (et de fin de nuit) dans le noir, nous atteignons le site quelques minutes avant les que les premiers rayons ne dépassent de la cime des montagnes, coloriant la nuiy d'encre d'un bleu toujours sombre, mais néanmoins suffisant pour faire démarrer la visite. Notre guide, sosie de Rafael Nadal, commence par nous emmener dans un geysers non projectif, c'est à dire une simple cavitée remplie d'eau en ébullition (à 85 degrés Celsius, puisque nous sommes à 4300m au dessus du niveau de la mer), pour y poser les briques de lait du petit-déjeuner à venir et des oeufs pour les amateurs d'oeufs durs. La visite du lieu commence ensuite. Il s'agit d'un champs d'environ 80 geysers, tous d'eau. Rares sont ceux s'élevant à un mètre ou plus, néanmoins les conditions de pression et de température matinales permettent la formatin d'importantes colonnes de vapeur dèau qui assurent le spectacle. Ceux qui ne le savaient pas déjà grâce à leurs cours de lycées apprennent comment se forment ces geysers et tous le monde apprend qu'un certains nombre de personnes sont mortes d'être tombées dans l'un de ces geysers: les minéraux présent dans l'eau empêchant la cicatrisation correcte de la peau brûlée. Nous apprenons également que l'étendue du champs géothermique (10km2) empêche une exploitation industrielle du site (tentée deux fois avant qu'il ne soit déclaré patrimoine naturel), la pression étant trop répartie et pas assez forte pour générer un quantité suffisante d'énergie. Je vérifie que mon manteau acheté pour la Suède me protège effectivement sans problème des -7 voire -10 degrés regnant, mais je ne peux pas en dire autant de la technique des "doubles sockets" pour les pieds1. Après le petit-déjeuner, nous nous dirigeons vers d'autres geysers, toujours d'eau et de vapeur, plus grands (les plus grands du coin), plus impressionant et à proximité desquels se situe une piscine thermale naturelle (à 28 degrés: la plus froide que j'ai rencontrée). Flemme, oubli de maillot et surpopulation touristique me condamnent à préférer l'errance dans les volutes de fumée à la baignade (contrainte insupportable, vous vous en doutez).
Nous entamone ensuite la descente, nous arrêtant d'abord au bord d'un petit lac qui ne vaut pas vraimment le coup que je sorte de ma torpeur et du camion, puis dans un petit village indigène reconstruit pour le tourisme. Une famille s'en occupe par an. Les maisons basses, en pierres rouges (volcaniques, of course) et au toit de chaume sont surmontées d'une petite croix censée chasser les mauvais esprits. Je préfère m'aventurer de l'autre côté du village (construit le long d'une rue centrale) pour aller voir les ruines des maisons originelle, plus intéressantes à mon goût et qui, puisque dépourvues de toits et de mobilier, permettent mieux de se rendre compte de l'exigüité des habitats.
Enfin, nous rentrons sur San Pedro, il est 11h30. Si les paysages vallait certes le déplacements, je trouve néamoins que c'est l'excursion la plus touristique que j'ai faite et cela m'a un peu déçu.

De retour au village après deux heures de sieste ratée à l'auberge, je réalise que j'ai encore toute l'après-midi devant moi avant de savoir si l'observation des étoiles est possible (la confirmation arrivant vers 18h30). M'étant résigné à mes trois jours d'inactivité à Calama (j'ai décidé de partir de San Pedro le lendemain, l'afflux touristique s'intensifiant et me fatiguant), je décide de profiter de ce temps libre pour aller visiter le Pukara de Quito.
Après qulques minutes de vélo sur piste ensablée (c'est du sport!), j'atteint ce fameux fort Atacamène, lieux d'une résistance acharnée des indigènes face à l'envahisseur bouffeur de chorizo. Le pukara ("fort" en atacamène) est construit sur une colline au pied de laquelle on trouve un oasis, aboutissement du río de la vallée que surplombe également le fort. Il servait tout à la fois à se défendre en cas de bataille qu'à se réfugier en temps difficiles. C'est une sorte de Minas Tirith, en plus petit, plus démoli et en rouge. La première attaque espagnole s'est faite avec seuleument 100 cavaliers. Un peu présomptueux les gars. Finalement, après plusieurs tentatives, et l'aide d'une population adverse, les espagnols ont réussis à s'emparer du fort et pour fêter ça, ils ont décapiter 3002 guerriers atacamènes et plantés leurs têtes sur les remparts, histoire de dissuader les "subversifs" (s.i.c.), ces imbéciles refusant de s'agenouiller devant le premier connard débarqué là par hasard.

Au sommet du fort, en plus d'une vue magnifique, je(mais je ne leur parle pas) deux magnifiques gringos méritant un paragraphe dédaigneux et bas de ma part, tant ils portent sur eux d'être de complets gringos alors même que leur style aurait pu être cool en tant que rockeurs à Austin ou dans le désert californien. Jugez plutôt: l'un arbore un jean délavé, un tee-shirt à manche longue en toile légère, blanc, un panch noir, des chaussures et un chapeau de cowboy sur ses cheveux mi-longs. Son accolyte préfère la version mache courte du même tee-shirt, des converses, un bandana vert et des lunettes rondes et colorées. Tout deux parlent dans un anglais à fort accent que je ne parviens pas à identifier, tout persuadé que je suis de leur américanité. Je les ais déjà croisé plus tôt, à la terrasse d'un café touristique où ils s'extasiaient du caractère locale de la boissons quils venaient de consommer. Ici, au sommet de son magnifiques point de vue qu'ils ont tout de même le bon goût d'apprécier, ils discutent principalement de l'envie que ça leur donne de s'y saôuler à la tombée de la nuit, de tester la weed locale ou de prendre des champignons, mais je doute qu'ils parlent de cèpes... Je me garde bien de leur montrer que je comprend et je m'amuse tout bas à les mépriser, bien content qu'il n'y ait personne pour discuter avec moi et éviter de créer le même sentiment chez un autre touriste un peu trop imbu de lui-même!

Fin de l'intermède "méchanceté gratuite". Je redescent et entame l'ascencion du mirador d'à côté, plus long, plus beau. Il y a en fait trois mirador sur ce chemin. Le premier est une petite plate-forme, à hauteur du fort de la colline d'à côté, et est accompagné du poème Servir3 de Gabriela Mistral. Le second est un puit construit en spirale au sommet de la colline, dans un espace délomoté par une enceinte de pierre percée de deux arches. Le dernier s'atteint par un chemin le long d'une crête et débouche sur un monument érigé par les atacamènes d'aujourd'hui: une quadruple croix où est écrit en 4 langues (espagnol, portuguais, atacamène (je suppose) et quechuan (blind guess)) la phrase "Dios mío, Dios mío, ¿porque me abandonaste?" ("Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"). D'ici, on ne voit que du désert et on a une vue plongeante sur les dunes, serrées et raides, de la Valle de la Muerte.

De retour au village, je tente le tout pour le tout et me renseigne sur les possibilités de rejoindre Iquique dans la nuit en partant après l'observation des étoiles. Il faudrait en fait ne pas faire l'observation, partir avec le dernier bus pour Calama et négocier avec le chauffeur du trajet vers Iquique (bus a priori complet). Du coup j'essaye d'avoir mon sac de prêt, avant dàller me renseigner sur l'observation des étoiles. C'est confirmé, je ne vais donc pas à Iquique. Je paye, attend le bus qui ne vient pas, et pour cause c'est en fait annulé. Remboursement et retour à l'auberge: il est trop tard pour le dernier bus. Échec. Dépité, j'hésite entre tenter de faire du stop le lendemain, ou tenter de prendre un bus pour l'Argentine, histoire de faire quelque chose de mes journées. Finalement, c'était galère, pas raisonnable, du coup j'ai préféré l'option grasse mat' et départ pour Calama...
Mais ceci est une autre histoire.

1: Faut bien faire des lessives de temps en temps...
2: Non, pas eux.
3: J'ai pas beaucoup cherché, mais j'ai pas trouvé la version traduite. Désolé pour les non-hispanophones.

samedi 14 juillet 2012

There and Back Again, 900km de 4x4 dans tes dents.

Dimanche dernier, L., B. et moi sommes partis en compagnie de 15 autres compagnons de route (et non pas 13 nains) en direction de la ville bolivienne d'Uyuni. Cette expédition (en 4x4, vous l'aurez compris) aura duré trois jours pour la majorité et quatre pour le seul valeureux à en revenir1 et nous aura fait traverser des paysages magnifiques, du désert aux volcans en passant par d'impressionantes lagunes et le plus grand salar du monde. En voici le récit.

Jour 1: le départ de San Pedro se fait à 8h du matin, dans l'obscurité relative d'un des rares jours sans soleil de la ville. La Cordillière au loin est surplombée de nuages sombres, mais il ne neige pas (encore). Nous passons la frontière chilienne et je perd mon titre de séjour provisoire (comme presque tout le monde, en fait). Nous contournons le volcan Licancabur culminant à 5900m, son voisin décapité de 5700m (imaginez avant l'explosion, du coup...)2 pour atteindre la frontière bolivienne. Enfin, frontière, c'est un bien grand mot. Disons plutôt la cabane en pierre qui sert de poste frontalier délivrant les visas et la vague barrière aussi facile à coutourner qu'un chat écrasé. En plus pour l'atteindre on a dû quitter la route bien goudronnée menant en Argentine pour un chemin de terre. S'ils avaient voulu faire une blague sur les différences économiques des pays, ils n'auraient pas pu mieux faire. On prend un copieux petit-déjeuner dans une autre cabane proche (d'ailleurs tous les repas seront copieux, je vais donc arrêter de le préciser, il faudra vous en souvenir), nous formons les groupes de 6 (nous serons 7: A., charmante - au début - chilienne de 24 ans, mariée (MARIÉE A 24 ANS!!) et voyageans seule ne désirant pas se retrouver avec les 5 membres de la famille faisant l'expédition), et entamons notre périple en Bolivie, pays "donde todo es posible y nada es seguro" ("où tout est possible et rien n'est sûr"), selon le conducteur du mini-bus nous ayant accompagné jusque là.
Premier arrêt à quelques kilomètres, la laguna blanca, presque entièrement gelée. Ensuite, arrêt à la "fameuse" laguna verde où nous saisissent un vent très froid et la beauté des roches volcaniques avoisinantes.6 Autour, les montagnes (qui sont en fait des volcans morts et pas enterrés, comme toute la cordillière) sont magnifiques7, teintées de rouge (peroxyde de fer) et de jaune (soufre). À côté de la lagune, il y a un petit bassin thermal à 38 degrés (je trouve pas comment faire le symbol sur ce clavier8), mais nous (L., B. et moi) avons beaucoup trop froid la flemme de nous baigner (en plus, j'ai déjà testé les thermes, et oui, on se cherche les excuses qu'on peut).
La parada 9suivant a lieu dans l'un des premiers lieux vraiment impressionant, à 4800m (soit à une pelleté près, la hauteur du Mont-Blanc) et sans la moindre neige: les geysers de lave. Il s'agit d'un ensemble de cratères d'où surgissent des volutes de fumées pour les geysers de vapeur d'eau ou des petites marres de laves en ebullition (à environ 100 degrés celsius), de couleurs différentes selon leur composition (grisâtre, marron ou noir). Autour de cela gisent des pierres volcaniques noires, résultat de l'explosion du volcan à deux ou trois kilomètres de là. Ce lieux, comme beaucoup de ceux que nous verrons et de ceux que j'ai déjà pu voir, est parfaitement inhabitable et je redoute le jour où l'expansion humaine le détruira, transformant la Terre en Coruscante et signifiant certainement la fin proche d'une humanité détachée de la nature depuis trop longtemps. C'est beau ce que je raconte. On dirait un chaman hippi. Mais c'est au groupe punk Éric Panic que ça me fait penser, et à leur chanson Le Jour où ils viendront cracher sur nos tombes. Voilà, voilà.
On continue notre route, rouler dans le désert c'est vraiment awesome et on atteint notre refuge de la nuit où l'on prend le déjeuner (bon), on se rend compte qu'on va vraiment se les peler cette nuit et puis on rembarque pour aller voir la laguna colorada tout près. Elles tient son nom des longues bandes de couleur rouge qui la compose. Située une vingtaine de mètres en contrebas de la plaine de cendres noires qui l'entoure, la couleur rouge de la majeure partie de son contenue n'a rien à voir avec une eventuelle reconstitution quotidienne et à balles rélles d'Omaha Beach mais provient au contraire des algues et de l'ocre (le minéral éponyme de la couleur) qui en tapissent le fond. Pendant ma contemplation, je me retrouve face à une image des plus magnifiques. Elle aurait bien mérité une photo, tiens. À gauche, le lac, rouge, avec une bande d'eau transparente dans le fond. Des flamants roses y cherchent de la nourriture. En face moi, dans le prolongement de mon regard, une langue de boue noire fait la jonction et la bord gris-blanc de cendres coloré de-ci, de-là par le jaune de la végétation éparse et du soufre. À droite, la pente noire qui mène au plateau. â l'arrière plan se dessine la cordillière et ses volcans sans neiges sauf un sommet suffisament haut pour en être partiellement recouvert et s'enfoncer dans les nuages bas de la fin de journée.
De retour au refuge, nous combattons le froid autour d'un thé tandis que l'enfant de la famille qui semble vivre là joue tranquillement dehors pendant que le soleil se couche et que la température tombe. Le repas arrive et nous dînons tous ensemble, tachant de faire connaissance entre membres de la même expédition, et pleurant sur nos vies à cause du froid de la chambre. Face à ce dernier problème, L. et B. opterons pour la solution radicale suivante: dormir ensemble dans le lit une place en doublant absolument tout: duvets, draps et convertures. Elles ont apparement réussi à avoir chaud, moins à dormir... Un dernier détail pour achever cette journée: le rideau de l'une des fenêtres de la chambre n'est rien d'autre qu'un drap SNCF. À part ça, on est à 4300m au dessus de la mer, de l'autre côté du globe. Normal.

Jour 2: Après une nuit visiblement difficile pour la plupart d'entre nous, nous repartons pour la plus longue journée du périple. On quitte la lagune pour s'enfoncer dans le désert accompagnés par des nuages sombres et quelques éclaircies. Au milieu d'une plaine de sable, el Arbol de Pierda (arbre de pierre) constitue le premier arrêt. Si la formation volcanique qui donne son nom au lieu est effectivement rigolote, le reste du lieu, constitué du même phénomène, mais dont la plus grande particularité est de parfois donner l'impression d'avoir été découpé au laser, est moins intéressant. La traversée du désert reprend, avec son lot de dunes franchies, on fait une pause devant une lagune finement gelée, la voiture cale mais redémarre avant que ça ne devienne drôle et on atteint un grand lac peuplé d'un nombre important de flamants roses ayant, d'après un panneau10 l'interdiction de voler. En bon rebelles, ils s'en foutent, courant sur l'eau pour se donner de l'élan, et obéissant d'instinct aux lois de la physique en démarrant systématiquement face au vent.
Après un pique-nique sur ce même lieu, nous entamons un long trajet sur une piste plus que cahoteuse avant de nous arrêter dans un véritable paysage martien (rapport à la couleur des roches, rien à voir avec la présence de petits trucs verts tirant des rayons lasers et allergiques à la musique): comme si une mer de lave, agitée, c'était tout à coup figée, les vagues encore suspendues, prêtes à s'écrouler... Peut-être l'un de mes lieux préférés jusqu'à présent. Nous poursuivons notre route, sur une piste en meilleur état d'où s'échappe parfois des bouts de tuyaux indiquant l'évacuation artificielle d'eau de pluie sous la route, mais toujours dans le désert. Nous rejoignons ainsi le salar de Chiguana, plat mais pas encore tout à fait blanc, pour une longue traversée de cette étendue apparement sans fin. Nous dépassons une ancienne mine de soufre11 à l'entrée puis soudain, sur le flanc d'une colline que nous longeons, apparaît un petit cimetière, petit bosquet de croix noires sur fond blanc. De l'autre côté de la colinne, une ville fantôme fait son apparition, maisons et école en ruines. Au bout de ce village, une poignée de militaire s'active, creusant devant des sortes d'énormes champignons noirs leur servant apparement d'habitat. Nous franchissons alors une voie de chemin de fer semblant venir en ligne droite de l'infini (also known as horizon). À gauche, des poteaux électriques sans fils forment une ligne électriques fantaisiste à travers le désert.
Nous quittons le salar pour rejoindre le désert poussièreux et sa végétation (herbes et cactus), la pluie est visible au loin sur les montagnes, nous croisons quelques champs à la sortie d'un village dont la vie m'est inimaginable et nous atteignons enfin l'hostal où nous allons passer la nuit: l'Hostal de Sal qui porte bien son nom puisqu'absolument tout est en sel: du sol en poudre de sel aux murs et mobilier en briques de sel! Un peu groggi par le voyage je prend un quart d'heure à l'écart des autres pour prendre mes notes (non, je n'écris pas tous mes posts de mémoire) en écoutant en boucle Wankelmunt - One Day12. Je repense au trajet et à l'expérience du voyage en 4x4. Si nous roulons parfois dans le sillage les uns des autres, ils arrivent aussi que les trois voitures de notre expédition roulent de front, séparées de quelques dizaines de mètres. Dans ces moments, la vision d'une voiture fonçant dans le désert, soulevant derrière elle un nuage de poussière, m'évoque des images du Paris - Dakar à la télé dans un chalet et à la lumière d'un feu de bois. Souvenir fabriqué? Toujours est-il que tout ceci me donne une envie folle d'apprendre la moto et le 4x4 pour traverser le désert par moi-même la prochaine fois. Ce doit être un véritable plaisir.
Le repas est bon et convivial (peut-être que la douche chaude n'est pas étrangère à la meilleure ambiance!), nous faisons tous plus ample connaissance, ça parle dans plein de langues: espagnol, anglais, allemand, français... J'adore ces rencontres collectives sur la route où tout le monde parle deux ou trois langues (sauf, souvent, les anglophones, mais heureusement pas tous) et où il faut changer sans cesse d'idiome, donnant parfois lieux à de bons fous rires lorsque l'on se trompe de langue pour notre interlocuteur.

Jour 3: La nuit aura été meilleure et moins froide que la précédente et pendant que tous se préparent, je remarque devant l'hôtel des cactus dépouillés de leur enveloppe épineuse. Apparaît ainsi le bois que je mentionnais dans le post précédent, et l'on peut alors remarquer qu'il constitue une enveloppe interne creuse du cactus, ce qui change considérablement de ce que nous avons l'habitude d'appeler "bois"!
Une fois les sacs arnachés sur les toits des 4x4, nous entrons dans le salar de Uyuni, le plus grand au monde (12000km2). C'est une immense étendue blanche (immaculée) et lisse (grâce aux pluies) qui s'étend à perte de vue, effacant tout repère et condamnant les inexpérimentés à errer ou à s'embourber dans les zones dangereuses. Pour s'orienter, nos guides-chauffeurs se fient aux montagnes à l'horizon qu'ils savent reconnaître et qui leurs indiquent des directions précises à l'aide de grands panneaux lumineux, un peu comme les types dans les aéroports. Après plusieurs minutes de routes dans un blanc parfait, apparaît à l'horizon l'île Incahuisa ("maison des Incas" en quechuan13) que nous allons visiter. Couverte des cactus déjà mentionnés plusieurs fois (et qui grandissent d'1cm par an, ce qui permet de se rendre compte de leur âge multi-séculaires, certains faisant plus de 10m). Le ciel est d'un bleu pur répondant au blanc immaculé du salar. Du coup, l'île rocheuse et terreuse mérite bien d'être nommée "île" puisque depuis ses hauteurs, on croirait à des lagunes et des péninsules. Je m'asseoit quelques minutes à l'écart, le regard perdu dans le décor, ne pensant à rien. C'est agréable.
Nous poursuivons la traversée en faisant une longue pause pour prendre les fameuses photos que tout le mode fait: le paysage étant exclusivbement blanc et désert, la perspective est trompée et on peut créer des illusions d'optique rigolottes mais rarement inédites. Nous atteignons enfin la limite du salar pour le déjeuner vite expédié. (Anecdote: le panneau "No Votar Basura" au lieu de "No Botar Basura". Cette dernière phrase signifiant "Ne pas jeter de déchets", et "Votar" voulant bien dire ce que l'on croit, je vous laisse comprendre en quoi c'est drôle.)
Nous filons en direction d'Uyuni, le terminus de l'expédition pour 17 membres de celle-ci. Chemin faisant, nous croisons des exploitations de sel (il faut casser le sol et récupérer des couches d'une dizaine de centimètres avant de l'acheminer vers un lieu où le sel sera traité pour enfin arriver sur nos tables). Avant de descendre, nous faisons une dernière pause au cimetière de trains où reposent des locomotives servant auparavant à acheminer du minerai vers le Chili. On y voit deux trains étrangement peu abimés pour des trains censés être entrés en collision. On y voit aussi d'énorme tags d'équation physique. L'un étant la formule de la force gravitationelle, l'autre étant attribuée à Albert Einstein, est la formule de la relativité générale.
Finalement, le voyage prend fin dans un joyeux bazar à l'agence et après avoir pris une douche à l'hôtel des filles, je m'apprête au retour, seul avec le chauffeur dans un 4x4, quittant un peu à regret le groupe dans lequel une bonne ambiance régnait et la ville d'Uyuni où se prépare une fête pour le soir même. Sur le trajet du retour, nous ramassons l'un après l'autre deux auto-stoppeurs (dont l'un paye son voyage) et retournons dans le désert, au début en suivant une ligne à haute tension ce qui est un spectacle particulier. Nous roulons plus tard que de coutume, le but étant moins de visiter que de retourner à San Pedro. Ceci donne lieu à une pause-pipi au milieu du désert, juste après la traversée d'un petit río, sous les étoiles, pendant que le chauffeur resert les roues de son véhicule à la lumière de son portable. Regarder la route défiler à la seule lumière des phares a quelque chose d'hypnotisant. La pause nocturne se fait dans un refuge similaire à celui du premier jour. Je partage mon repas avec d'autres français sur la même route que moi et vais me coucher, seul dans mon dortoir, au milieu de rien, pendant que le guide démonte son 4x4.

Jour 4: Le départ matinal se passe bien et c'est un joli spectacle que de voir le soleil se lever sur le désert. Au bout d'un moment, la musique commence à devenir écoutable grâce à Radiohead - Creep et au By the Way des Red Hot Chili Peppers, de l'époque où c'était encore écoutable, mais il manque la seule véritable chanson appropriée au décor rocheux que nous traversons à toute vitesse: Life on Mars, de David Bowie.
Les plusieurs heures du voyage sont l'occasion de laisser mon esprit dériver, et lorsque retentit Zombie des Cramberries, je me retrouve le corps dans les montagnes boliviennes, la tête en Irlande du Nord, les mots de Sorj Chalandon devant les yeux... Après avoir contourné la laguna colorada par l'est (à l'aller nous étions passé par l'ouest), je retrouve pour une courte pause le refuge du premier jour dans lequel une autre équipe est en train de prendre son petit déjeuner. C'est à ce moment là que je réalise à quel point ce qui est pour chacun de nous une aventure singulière est en fait un quotidien et qu'il n'y pas de raison de croire avoir vécu plus que ce que c'est en réalité: un joli tour bien organisé qui vaut franchement le coup mais pas l'aventure d'une vie. Ce qui fait joliement écho à la chanson de Radiohead.
La fin du retour se passe très bien, dans le désert saupoudré de la neige tombée derrière nous. De retour au post frontière, je prend le petit-déjeuner avec l'expédition partante (plus réduite que la notre) sous quelques flocons avant de rejoindre un San Pedro chaud et ensoleillé.

PS: J'ai remarqué pendant ce voyage une double résistance. D'abord le soleil qui me marque moins que d'autres et fait ressortir mon cuir espagnol (plusieurs fois on m'a pris pour un chilien. Avant que je ne parle, évidemment.), ensuite ma plus grande résistance au froid, sûrement dû à mon sang ch'ti.
Bien sûr, toute personne ayant la moindre notion de biologie est priée de se taire et de me laisser raconter mes inepties. Non mais.

1: MOI
2: Entre les deux, la vallée est à 4800m et fut un lieu sacré pour les Incas qui venait y célébrer des cérémonies (pas froid les mecs3).
3: Rien de sexiste, je doute juste que le clergé féminin inca eut-été très puissant...4
4: Je me trompe peut-être, mais Wikipedia n'a pas l'air de dire le contraire. Et pour les ronchons qui ne lisent pas l'espagnol (vraiment, je comprend pas...)5
5: Non, en fait, rien. C'était juste pour le plaisir de continuer.
6: En vrai, je ne me souviens plus des roches à cet endroit, mais j'ai noté qu'il y en avait et ça fait bien dans la phrase, alors zut.
7: Et ça je m'en souviens.
8: Au passage, le clavier de cet ordinateur est rigolo: les lettres imprimées s'étant pour la plupart effacées, elles ont été remplacées par des lettres découpées et scotchées de couleurs diverses et variées, ce qui donne l'impression d'un clavier d'anniversaire. Cette remarque était, une fois n'est pas semble devenir contume, tout à fait inutile.
9: petite astuce pour arrêter de dire l'arrêt, et j'espère que personne n'aura besoin de google trad, de reverso ou d'un dictionnaire pour les old school pour traduire "parada" après cette explication.
10: Il s'agit d'un losange blanc où la silhouette noire d'un flamant en vol est représentée, barrée d'un épais trait rouge.
11: Les mines de soufre de la région (on en trouvait aussi en Atacama) servaient à produire de l'acide sulfurique nécessaire à l'extraction du cuivre dans la mine de Chuquicamata, aujourd'hui seconde plus grande mine à ciel ouvert et responsable de la production de 1300000t de cuivre par an.
12: Dédicasse à toi, qui te reconnaîtra, si tu passes par ici...
13: Oui, parce que j'ai oublié de préciser, mais nos guides sont quechuan, se parlent en quechuan et la région est fortement peuplée en descendants de la civilisation Quechua. Le premier qui s'imagine une civilisation fondée sur des tentes repliables se prend une baffe.

mercredi 11 juillet 2012

San Pedro de Atacama, première

Aux dernières nouvelles, j'attendais le bus pour San Pedro de Atacama à Arrica. Et ben j'ai pris ce bus, et tout s'est (à peu près) bien passé. Sauf peut-être que la route en mauvaise état et le contrôle de douanes (sans passage de frontière!) ont garanti une mauvaise nuit. Après une correspondance d'une heure et demi dans la froid de Calama (à 6h du matin), j'arrive enfin à San Pedro de Atacama, point de ralliement de tous les touristes pour visiter le coin (magnifique). Je rejoins L. et B. dans leur hostal, "loin des gringos" (s.i.c.), pose mes affaires et nous retournons en centre ville pour réserver l'excursion du dimanche et louer des vélos, direction la Valle de la Luna.

Il s'agit, je pense, de mon premier vrai contacte avec le désert: rouler sur une piste vaguement gondronnée, entouré de sable et de montagnes (au loin), sans croiser personne. Lors d'une pause nous constatons, impressionés, le silence total qui nous entoure.
Après avoir atteint l'entrée de la vallée et parcouru encore quelques kilomètres sur la piste poussièreuse, nous faisons la première pause: "visite" d'un canyon.
Sur l'indication d'un couple de français nous précédant, nous nous engageons dans un canyon étroit (ce qui semble être le chemin balisé et facile étant fermé) aux paroies plus ou moins couvertes de sel. Les formations rocheuses sont impressionantes et paraissent parfois translucides. Nous atteignons une cavité obscure mais, ne voyant plus ma main au bout de mon bras après trois mètres, nous décidons de faire demi-tour. C'est alors que nous rencontrons K. et M., un couple de français vivant au Pérou1 et équipés de lampes torches (petites, mais suffisantes). Nous nous retournons donc dans le canyon , traversons en cinq minutes et quelques génuflexions le couloir sombre et débouchons en plein air, d'abord sur la suite du canyon, tout aussi belle, puis après une brève escalade sur le haut des formations rocheuses qui offrent un paysage . On peut aussi penser à Tatooine et s'attendre à tout instant à voir surgir des Tuskens de derrière les rochers. Il n'y a en tout cas rien, sinon une petite flèche en bois indiquant le chemin, qui rappelle l'être humain, et c'est plutôt cool.
On quitte ce lieux magique pour récupérer les vélos et poursuivre la route. Je me tue à monter une côte plus longue que prévue que les filles préfèrent monter à pied et nous posons pied à terre pour la seconde fois: les dunes immaculées qu'aucun pied n'a jamais foulé (normal, puisqu'elles sont immaculées) nous attendent. Après avoir atteint le mirador à couper le souffle par un petit chemin à flanc de colline, nous décidons de ne pas faire les touristes en se contentant de cela et continuons sur la crête vers un aplomb rocheux surplombant deux vallées, une de chaque côté, et surplombant le salar que nous "visiterons" le lendemain.
Comme il est déjà tard, nous ne poussons pas plus loin. Pique-nique à l'ombre et retour à proximité du village. Sur la route du retour, le solei plus bas qu'à l'aller fait ressortir les couleurs qui nous avaient échappées sur le flancs des montagnes de l'autre côté de la plaine: de l'ocre, du vert et du violet qui viennent s'ajouter au jaune du sable, au blanc des cimes enneigées et au noir des cendres (tout est volcan ici).
Nous avons la flemme de pousser jusqu'à la Valle de la Muerte et nous contentons de regarder le soleil se coucher derrière les roches rouges2 et ciselées de son entrée en grignotant, buvant du mate et discutant tranquillement, le tout au pied d'une croix hommage à Jean-Paul II au sommet d'une petite colline.
Retour au village, achat de lunettes de soleil pourries juste pour ne pas perdre mes rétines dans d'atroces souffrances, réservation de l'expédition du lendemain, visite de l'église (qui a un toit joli), poulet-pâtes à l'auberge et dodo, la peau qui tire un peu, cuite par le soleil du désert le plus sec du monde.

Le lendemain matin, départ à 8h, dans la "fraîcheur matinale"3 pour l'excursion des Lagunas Altiplanicas, autrement dit les lacs situés à plus de 3500m d'altitude, mais pas que.
On commence par une pause dans le village de Toconao, autrefois aussi important que San Pedro puisqu'ils partageaient tout deux de bonnes ressources en eau. On y trouve un clocher datant de 1750 dont la porte et la charpente sont en bois de cactus (de même que le toit de l'église de San Pedro visitée la veille au soir. Le guide, en plus de faire complètement fondre L., sait plein de choses et nous apprend que les triangles que l'on voit partout à San Pedro sont le symbole de la ville et représentent les montagnes qui fournissent son eau à la ville. De la même facon, les gravures d'âne et de lama à l'entrée de l'église de Toconao rappelle le caractère quasi sacré de ces anumaux pour la ville, l'âne servant à l'agriculture et au transport tandis que le lama fourni généreusement et de son plein gré de la viande et de la laine. Nous apprenons également que dans les églises locales (et cela s'applique également à l'église brièvement visitée pendant l'excursion au lac Chungara), le Christ4 n'est pas derrière l'autel mais d'un côté ou de l'autre du transept. Dans l'abside on trouve par contre un ensemble de statuettes des saints locaux ou régionaux. La particularité de cette petite église perdue est que l'on trouve également une des (apparement) trois seules représentations de Dieu5: avec les saints locaux figurent des statuettes représentant Jésus, son papa et une colombe pour l'Esprit Sain. Les autres représentations de mon collègue barbus sont en Hollande et en Italie. Un fait étrange pour le petit francais que je suis dont l'éducation repose en partie sur une certaine loi de 1905 et une épuration écclésiastique d'un certain mois de mai 1871: la présence du drapeqau chilien à côté de l'autel, en vis-à-vis avec celui du Vatican. Avant de repartir, L. résume très bien la visite du village: "J'ai vu Dieu et des lamas, je suis contente." Tout est dit.
On reprend la route en mini-bus et je me dis que parcourir le désert d'Atacama, voire même le Chili en général à moto doit être absolument génial. Sentiment qui sera confirmé par l'expédition du salar d'Uyuni.
Le deuxième arrêt a lieu dans le salar d'Atacama. pour ceux qui n'ont pas encore ou compris, ou utilisé Google, un salar c'est un lac salin, mais je trouve plus joli d'utiliser le mot espagnol. Celui d'Atacama dans lequel nous sommes est le cinquième plus grand au monde (le premier étant celui d'Uyuni). C'est moins blanc et plats que je me serais imaginé, mais cela s'explique par l'absence de pluie qui fait que le lieu est dans le même état depuis son assèchement (naturel6), c'est à dire que les minéraux sont mélangés et forment parfois de petits monticules. C'est par contre le salar le plus profond: on peut encore trouver du sel à 150m de profondeur. On y voit quelques flamants roses qui ont la vie dure (par manque de nourriture, ils sont obligés de passer énormément de temps la tête dans les 20cm d'eau de la lagune de Chaxa au milieu du salar, ce qui entraîne la perte de leurs plumes sur le sommet du crâne, exposant ainsi leur peau au soleil qui s'amuse bien à y implanter son meilleur ami le cancer, réduisant l'espérance de vie de ces grands pigeons roses de 12ans en conditions normales de pression et de température à 8 ou 9 ans. On voit aussi d'autres oiseaux dont une mouette qui s'amuse se nourrit en mangeant les oeufs des autres.
La montée jusqu'aux lacs nous fait traverser une plaine en pente ascendante, rocailleuse puis rocheuse avant de laisser place à un tapis de végétation jaune en touffes qui recouvre le sol jusqu'aux lacs à 4300m. L'altitude me fait moins d'effet qu'à Chungara, mais c'est parce qu'on est partis de moins haut (San Pedro est à 2300m). On voit des vicuña (un lama couleur Bambi), des oiseaux; les paysages sont trop beau, c'est la fête. Sur le chemin du retour, le repas est trop bon et on rentre tout content se préparer à l'expédition de trois jours en direction d'Uyuni, en Bolivie, après avoir dégusté un bon repas local dans un restaurant populaire excentré ressemblant fortement à une cantine!

PS: Le message précédent était écrit depuis un cyber-pas-de-café à San Pedro de Atacama qui a depuis été fermé pour cause de fraude fiscale. Tralalala.
PPS: La devise des carabineros est: "Un amigo siembre" (toujours un ami). Personnellement, quelqu'un qui écrit être mon ami sous le dessin de deux fusils croisés, ca m'inspire moyennement confiance.


1: C'est un couple de web-designers travaillant ensemble à la construction de sites internets, installé depuis un an au Pérou avec pour objectif de vie de passer un mois sur trois en voyage. Ils ont construit un blog à partir de rien pour raconter ça, et du coup je suis un peu jaloux (au-delà du fait que leur vie est trop cool) parce que ça m'aurait bien amusé de faire pareil, mais ça m'aurait pris beaucoup trop de temps et ça n'aurait pas été aussi bien... Mais d'un autre côté, j'ai pu faire (au grand dam de L. et B.) des blagues d'informatique, ce qui est assez rare dans une conversation normale entre gens civilisés.
2: La Valle de la Muerte tient son nom d'une déformation de son nom originale, Valle de Marte, en référence au truc rouge qui a l'indécence de se balader dans le ciel en étant suffisant près pour être atteint mais trop loin pour que ce soit facile.
3: Je crois que les filles diraient plutôt qu'on se les geleaient grave, mais je ne veux pas trop m'avancer.
4: La version clouée.
5: La version catholique.
6: Le salar s'est formé suite à l'assèchement d'une partie de l'océan piégé par la formation des cordillières avoisinantes.