mercredi 22 août 2012

Isla del Sol...

...et lac Titikaka.

Et non, je ne ferai pas de blague pourrie.

Je vais profiter d'avoir réussis à me lever tôt pour aller au travail et donc en revenir avant 21h pour écrire ce message, relatant la dernière partie de mon voyage (sans compter le retour épique): la rapide excursion au lac Titikaka et la visite de sa fameuse île du soleil.

Parti de La Paz après une dernière épique partie de Yam's et ma première percée au dessus des 300 points au score, je me retrouve de nouveau seul sur les routes, en direction dans un premier temps de Copacabana, version bolivienne, point de départ vers l'île. Le trajet se passe plutôt bien (je finis les Raisins de la colère, qui m'a fortement donné envie de (re)prendre le drapeau rouge, mais passons, la flemme s'occupe très bien de le laisser au placard, avec mon homosexualité refoulée, mes leçons de violons et mon épilation intégrale)2, quoi que plus long que prévu suite à la crevaison du bus quelques minutes après la traversée l'Estrecho de Tiquina qui marque mon arrivée sur le lac. Mais de nuit. Bon, comme on est en Bolivie, ce serait trop facile d'avoir un pneu de rechange ou un bus à portée, du coup on roule encore 40min au ralenti avant d'avoir confirmation de l'arrivée d'un bus de rechange et de pouvoir enfin arriver à Copacabana avec 2h de retard. Il est donc 21h, il fait nuit, je suis fatigué et blasé (enfin, rien de spécial, quoi), y'a pas d'alojamiento avec des chambres libres du coup je me retrouve à payer une chambre de trois lits juste pour moi dans un hôtel moyenne classe, mais au moins j'ai le meilleur lit et ça reste abordable. Je fais l'erreur de manger pas cher et me force à finir mon burger huileux. D'où je me suis installé, j'ai vue sur la cuisine quand le cuisinier et le serveur s'échangent les plats. Ça me confirme qu'il vaut mieux ignorer certaines choses. Retour dans la chambre. Pour pas finir mon dernier livre trop vite, je m'amuse plutôt à faire des calculs de probas liés au Yam's. Ça me prend pas mal de temps parce que je galère toujours autant à voir le lien entre les formule de proba et la réalité du coup je me trouve une bonne quarante-deuxaine de fois avant d'avoir des résultats qui me paraissent cohérents, mais qui permettraient certainement de prouver que Georges Bush est un martien naturalisé Uranusien échoué par hasard sur notre planète.1

Bon, passons à l'essentiel de ce message, après toutes ces blablateries inutiles et insensées.
Levé tôt pour prendre le bateau de 8h30, direction le Nord de l'île, où j'ai prévu de passer la nuit avant de rentrer le lendemain. Je passe les deux heures de traversée sur le toit aménagé, il fait plutôt bon et c'est joli tout plein. Je suis assis à côté de français, dont un couple de trentenaire dont la moitié féminine dont l'existence n'a rien d'une évidence porte sur elle d'être prof', et elle ne manque d'ailleurs pas d'évoquer son passage à l'IUFM3. Fun fact: la traversée se faisant quasiment intégralement en ligne droite, les pilotes des bateaux ne s'occupent quasiment pas de la barre pendant le trajet. Ce qui donne l'impression d'un moteur juxtaposé à un bolivien sans aucun lien entre les deux. On croise aussi un bateau non-touristique surchargé de voyageurs, à l'image des taxis ou micro de la terre "ferme"4. Blabla, on finit par arriver tranquillement.
Les îlots croisés sont rigolos: on diraient des plateforme inclinées à 45°, ce qui s'explique fortement avec tout bon court de géologie dispensé à ma sombre époque en terminale S. Mais non je ne ferai pas de rappel, débrouillez-vous avec votre Alzheimer et Wikipedia. Sitôt débarqué avec la horde de touriste, un type nous attire prête de la carte et explique le site. Flairant l’hameçonnage et parce que je n'aime pas me faire alpaguer, je n'écoute pas et regarde la carte ensuite. Je ne peux m'empêcher d'entendre qu'il suffit de trois heures de marche pour rejoindre le port au sud de l'île et réalise alors que y'a pas grand chose à faire sur cette île en fait. Bon. Du coup je ne cherche pas d'hôtel tout de suite, j'aviserai plus tard. Je prend le chemin de la pointe nord de l'île, le chemin normal de balade.
Ça commence sur une plage de sable fin et d'eau translucide où le camping est autorisée. J'y dépasse un premier groupe de touriste que j'insulte mentalement parce que c'est drôle à faire quand j'en fait pas partie. Sur l'autoroute le chemin qui commence la montée dans les collines, j'arrive à peu près à être seul et à admirer le calme et la beauté du lieux. L'eau scintille tranquillement sous le soleil de 11h. Je dépasse un tout petit village (qui n'est d'ailleurs peut-être qu'une extension du véritable village initial) où une maison passe tout de même du Evanescence à fond. Plus loin, quelqu'un fait sécher ses vêtements sur les pierres. Je dépasse un second groupe au moment où le sentier surplombe une plage immaculée et continue jusqu'à un promontoire où je m'installe pour grignoter du chocolat et faire quelques calculs, face à la mer au lac. Étrangement, une trompette raisonne au loin. Le groupe me rejoint et s'éparpille autour de moi. Je reprend la marche vers un mur de pierres sacrées et une table de sacrifice où je m'installe pour couper mon saucisson5 qui se font face offrent une vue dégagée sur le lac et un îlot tout plat (mais renversé) et en longueur. Plus loin, les ruines d'un temple attirent l'attention de tous les touristes du lieux. Je ne m'arrête pas et poursuis sur un chemin déserté par les touristes trop occupés à marcher en groupe, écouter leur guide et faire leur visite expresse6. Le chemin grimpe au sommet d'une colline d'où la vue sur le temple est beaucoup plus belle que d'en bas puisque surplombante (c'est ce que j'ai noté, je sais pas si ça a beaucoup de sens en bon français...). Tout autour on voit les montagnes qui encerclent le lac (et donc le Pérou, vers par là).
Puisqu'il n'est pas très tard, que je n'ai plus rien à faire au nord et que j'ai la flemme de faire semblant de me socialiser avec les hippies de la plage, je prend la route du Sud. Par le plus pur hasard des choses (vrai de vrai) je m'engage au même moment qu'un trio voyageant visiblement ensemble et dont j'avais repéré l'une des membres pour sa tenue ne pouvant que me plaire (tee-shirt manches longues bleu turquoise sous un tee-shirt rose fluo comme-mes-cheveux-quand-je-viens-de-faire-la-teinture). Comme ce sont des gens plus sociables que moi, ils entament la conversation, et je fais l'effort de m'intégrer, ce qui se passe assez bien, la différence d'âge étant quasi-nulle. C'est ainsi que je rejoins la ville-du-sud-dont-j-ai-oublié-le-nom en compagnie de N. (la texane aux jolis tee-shirt), M. (l'allemande, infirmière bénévole avec N. dans un dispensaire péruvien) et M. (doctorant tchèque en agronomie qui vient de passer un mois à collecter des échantillons en Amazonie). Chemin faisant, nous traversons les trois communautés de l'île (le nord, le centre et le sud. Original. Nan mais en fait elles ont des noms, mais vous vous doutez bien que je les ai oubliés, hein.); c'est beau comme toujours. Notre compagnon agronome nous apprend que les eucalyptus dont nous traversons un bosquet sont des insecticides naturels. Et puisque tout se passe bien avec eux, et que ça m'occupe, je pars de l'île avec eux pour les accompagner dans leur visite des Islas Flotantes, après un petit sprint dans la dernière descente pour rejoindre le bateau à l'heure.
De retour sur le toit du bateau, l'ambiance est chaleureuse et internationale, je discute avec un couple belge proche de la soixantaine et un couple anglo-suédois plus jeune. On parle de voyage, de festivals... Le fils du couple belge a passé six mois au nord du Canada, à la frontière avec l'Alaska où il a pris en plus de ses cours de Maths et de Physique, des cours de Techniques de Survie en milieu aux températures extrêmes et de Biodiversité Arctique. Je suis très jaloux.
Les Islas Flotantes dont je vous ferai grâce de la traduction sont de petites constructions marrantes construites à proximité du rivage (mais il faut une demi-heure de bateau depuis Copacabana pour les rejoindre). Les plateformes sont désertes puisque nous arrivons en fin de journée, ce qui nous permet d'en profiter tranquillement. Après avoir assisté à la pêche de notre repas (truites d'élevage dont la ferme est attachée à notre plateforme) et que ceux qui ne sont pas dégoûtés ou qui refusent de s'amuser avec un être vivant se soient divertis en les prenant en main, nous escaladons le pic rocheux adjacent, profitant du coucher de soleil et d'une très belle vue. Nous dégustons dans une ambiance conviviale notre excellent dîner (la truite pêchée plus tôt, et le traditionnel combo patate et riz).
En rentrant à Copacabana avec la nuit, nous pouvons admirer le début de l'orage sur le lac qui, associé à la lumière rouge-orange du crépuscule rappelle fortement le Mordor aux fans du Seigneur des Anneaux que nous sommes... Après une petite balade dans les rues de la ville, nous finissons la soirée autour d'un chocolat chaud dans un bar proche de la plage, et discutant gaiement en anglais en espagnol.
Je retourne dans mon hôtel, où j'obtiens de ne payer qu'un seul lit cette fois (la différence n'étant pas proportionnelle, je doute d'avoir payer les trois lits la nuit précédente) et le lendemain, après avoir salué de loin les filles embarquant dans leur bus pour le Pérou, je monte dans le mien pour rentrer à La Paz. Pas de crevaison cette fois, mais à la faveur du jour je remarque un drôle de monument sur la berge du lac Titikaka: édifié à la gloire de Don Eduardo Avaria, héros de la Guerre du Pacifique, on peut voir sur un côté de la stèle la représentation d'un soldat bolivien plantant sa baïonnette dans la gorge d'un soldat (chilien, je pense) sous la citation "Lo que un día fue nuestro, nuestro otra vez sera"7; tandis que l'autre côté représente un officier de la marine faisant la salut militaire en haut d'une falaise maritime, accompagné par un soldat qui tient un ouvrier par l'épaule, ce dernier tenant le drapeau bolivien et aux pieds de tout ce beau monde, une femme en habit traditionnel avec son enfant sur le dos prie à genoux; dans le ciel, des avions de chasse et la phrase "Bolivía reclama su salida al "Mar" ". Je voulais pas faire plusieurs phrases. Ça c'est remarqué?

Vous connaissez déjà ce que j'ai fait de ma dernière journée à La Paz, il ne restera donc plus qu'à raconter mon retour à Santiago pour conclure ce mois sur la route...
En attendant, je vais regarder Hunger Games, lire l'histoire des mathématiques, et tout plein d'autres choses follement amusantes...


1: Toujours se dévaloriser, c'est tendance et ça rend cool.
2: J'aurais peut-être dû le mettre là ça. Et oui les numéros sont pas dans le bon ordre.
3: Au Liban aussi, j'avais réussi à deviner du premier coup que mes interlocuteurs étaient profs. Et pis d'autres fois où j'ai eu la présomption mais pas la confirmation. Je sais pas s'ils sont si facilement reconnaissables, ou si je devrais passer à Incroyables Talents pour en ressortir riche et célèbre. Je pourrais aussi louer mes services à tout bon fondamentaliste haineux désireux de faire la chasse à cette race ignoble que le professorat. Y'a une niche, là, j'le sens.
4: Même si je n'en ai pas expérimenté depuis mon arrivée, j'ai suffisamment entendu parler des tremblements de terre de cette partie du continent (l'ouest) pour justifier les guillemets.
5: Déjà, y'a pas de saucisson sur ce continent (enfin y'a des trucs qui s'en rapprochent, mais bon), et ceux qui me connaisse savent très bien que j'ai tout naturellement oublié de prendre des provisions, ce qui est quand même un minimum quand on envisage une journée de marche en plein soleil.
6: Alors, là il faut bien vous dire que je ne sais pas encore que je ne vais pas passer la nuit sur l'île, et que je pense avoir donc beaucoup plus de temps qu'eux.
7: "Ce qui un jour fut nôtre, sera nôtre de nouveau."

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