mercredi 27 juin 2012

Les échecs se cachent pour mourir

Parce que tout ne pouvait pas parfaitement bien se passer, voici le récit de l'échec du jour.

Puisque je pars et que j'ai un début de résultat, E. m'a conseillé d'écrire un rapport sur ce que j'avais fait jusqu'à présent et de l'envoyer à deux personne travaillant avec le même outil que moi (mais eux ce sont des "vrais", pas un guignol en stage qui ne comprend que le quart de ce qu'il fait) pour le demander un retour, des conseils ou whatever.
Du coup je viens de passer deux jours à mettre au propre mes fichiers, à rédiger un beau document LaTeX que vous pouvez trouver ici (mais pour une part non-négligeable d'entre vous, il faudra passer par entre deux et quatre ans d'études d'informatique pour y comprendre quoique ce soit, en plus c'est rédigé dans un anglais de zombi). Suite à quoi, il était aujourd'hui 17h, donc je l'ai envoyé aux personnes en question. Sauf que manque de bol, il suffit pas de mettre un vague titre, me présenter et dire que je fais un stage sous la tutelle de E. pour que ces gens qui ne sont pas des étudiants insouciants et naïfs ne le considèrent pas comme du spam et le balance d'une délicate manipulation au clavier (ça m'étonnerai qu'ils utilisent la souris pour supprimer des messages) à la corbeille. S'ensuit un mail semi-amusé de mon encadrant me rappelant que derrière ces deux adresses mails à qui j'ai envoyé ces quelques bits de données se cachent des vrais humains avec deux bras, deux jambes (enfin je crois) (j'ai rien contre ceux qui ont moins — ou plus — de deux bras ou deux jambes, soit dit en passant), qui plus est chercheurs donc — malgré ce qu'on en croit — des gens occupés. Il faut donc leur donner une raison de lire mon rapport (moi qui croyait naïvement que E. leur ayant déjà parlé de mon stage, leur dire qui j'étais suffirait).
Du coup je me re saisi de mon plus bel anglais technique et j'essaye tant bien que mal de mal de faire croire que j'ai la moindre idée de ce que je fais1 et je renvois un mail. Manque de bol, il fallait aussi dire ce que j'attendais d'eux. Ce dont je n'ai pas la moindre idée. On m'a dit d'écrire un rapport, j'ai écrit un rapport. (Un peu servile le gars quand même.)
J'en suis déjà à deux mails, ça commence sérieusement à ressembler à du spam si j'en renvoie un autre2, je suis tout penaud de mon entrée ratée dans le merveilleux monde communautaire de la recherche. Je m'imagine dans dix, en train de donner une conférence et ces deux là seront au fond et se marreront en se souvenant de mes premiers essais raté de communication. Mais ils seront bien obligés d'écouter en fin de compte. Tout le monde écoute quand le barbu d'en face à une hache large comme lui.3


1 C'est pas complètement vrai, hein, c'est pour faire style, parce que c'est cool de passer pour un clown qui comprend rien.
2 Finalement, E. s'occupera de renvoyer un mail de synthèse pour m'éviter d'envoyer "n>2 messages en 1h" (s.i.c.)
3 Oui, je viens d'apprendre comment faire des notes de bas de page en HTML, du coup j'en abuse.4
4 Note dans une note. Noteception.

Pour vous récompensez, ma chanson du jour: Bad Co. Project — Kids of the Nation. C'est du punk, ça chantonne faux, ça lève le poing, ça n'a pas d'espoir et ça n'a rien à voir avec le Chili, c'est importé de Berlin.

mardi 26 juin 2012

Départ.

Demain, ce sera le 27juin. Comme prévu, je mettrait mon stage en pause pendant un peu plus d'un mois pour tracer la route. Je n'ai pas encore bien planifié ce que je vais faire, mais je connais au moins les régions où je vais aller.

A partir de jeudi matin et jusqu'au 2 juillet, je serai au sud du Chili. Pas tout au sud, malheureusement, les conditions climatiques de la Patagonie hivernale et le manque de temps m'en empêche. je serais par contre dans la région des Lacs (Los Lagos), autour de la ville de Pucon. Avec un peu de chance et de force, je pourrais gravir un des nombreux volcans de la régions (seuls une soixantaine sont en activité, et je ne devrais pas pouvoir gravir ceux-là, l'ascension étant réservée aux alpinistes — pourquoi pas andistes? — chevronnés en hiver).

Ensuite, après être rentré à Santiago, je prend l'avion pour l'extrême nord du Chili, où je passerai quelques jours à visiter la région entre Arica et Iquique avant de redescendre dans le désert d'Atacama pour un petite semaine.

Le 15 juillet je devrais retrouver S. pour partir rejoindre L. et B. en Bolivie pour une quinzaine de jours se terminant au lac de Titicaca. C'est en tout cas l'état du projet.



J'essayerai de me connecter de loin en loin pour répondre à quelques mails, peut-être mettre à jour ce blog pour éviter un récit dense et monotone dans un mois. En attendant vous pouvez vaguement savoir où je suis grâce à ce bref (mais complet) résumé de mes intentions de voyage.



A bientôt!

¡Música!

Je suis pas mal sorti ces dix derniers jours. Enfin. Parce qu'avoir un rythme pépère boulot, lecture, dodo, c'est reposant, mais c'est pas très animé.
De fait, je n'ai pas non plus beaucoup dormi (et la nuit à lire l'effroyable manga Battle Royal n'a pas arrangé les choses). Toujours est-il que j'ai du coup quelques trucs à raconter, et que ça remplira un peu le blog avant mon départ (imminent).

Samedi 16 : Après avoir cuisiné (et réussi) pour la première fois un pavé de saumon avec S. parce que j'en avais marre de manger des sandwichs toute la semaine, des amis espagnols basques et catalans à lui, lui et moi, sommes allés au Barrio Brasil (toujours le même) dans un petit bar avec l'annonce d'aller y danser de la salsa. Ou regarder les autres danser de la salsa pour certain dont je tairais ici le nom par respect pour leur honneur. Surprise, pas de salsa, mais deux groupes en concert à la place. Le bar ne paye pas de mine, mais a en fait une bonne contenance puisque répartis sur deux étages. Au rez-de-chaussée (qui n'existe pas au Chili, il y a directement el primer piso), quelques tables et la scène devant un grand mur peint d'un symbole inspiré de l'emblème mapuche. Le premier groupe, des jeunes, a su mettre une bonne ambiance avec sa Fusion Latina, mélange de Jazz et de musique latine à base de percussions, guitare, basse et synthétiseur. Très chouette. Le second était plus orienté rock folklorique et "jazzistico", pour reprendre l'expression de l'organisateur, alternait entre passage clairement rock et de longs intermèdes jazzy. C'était moins chouette, il était 3h30 du matin, on est partis.

Jeudi 21: Toujours dans Barrio Brasil, S. m'emmène voir après le match déjà relaté le concert d'un des groupes incontournable de Santiago, dans un des lieux incontournables de Santiago: la Banda ConMoción! Mélange de ska et de cumbia (musique dansante locale) ce groupe se produit environ une fois toutes les deux semaines à Santiago et presque 2 fois sur trois dans le lieux où nous étions: el Galpón. Comme tous les concerts chiliens, l'heure annoncée est 23h, mais lorsque nous arrivons à 1h du matin, les concerts n'ont pas encore commencés, les gens se "contentant" de danser sur la musique diffusée dans les enceintes. Le concert met une très bonne ambiance, les gens dansent partout et on oublie qu'il est déjà 2h du matin. Ce que j'aime bien dans le ska, et qui est aussi un peu vrai de l'électro, c'est que beaucoup de gens peuvent y trouver leur compte: les amateur de jazz apprécieront le son cuivré, les amateur de rock le rythme, ceux de punk l'énergie, ceux de métal la vitesse. Du coup, on croise des t-shirts de tout ces genre, et ça fait plaisir à voir. Pour info, les mêmes conseils s'appliquent au Chili: n'emmenez pas votre portable dans le pogo!
Le groupe qui suit, Chorizo Salvaje est beaucoup plus orienté cumbia, du coup, moins de pogo et plus de danse (mais je me contente comme d'habitude de vaguement remuer en rythme puisque je ne sais pas danser!) On parle du peuple mapuche, on saute et on danse. Un très bon moment, de quoi refaire le plein d'énergie malgré les 4h du matin!

Vendredi 22: retour au Galpón pour le concert de la Mano Ajena, après une pizza viande - olive - fromage à 1h du matin. Cette fois, on arrive après la première partie (à 1h30, le concert était annoncé à 23h), mais le concert étant absolument génial, on s'en contentera modestement. S. préfère la Banda ConMoción, mais le concert que j'ai vu ce vendredi filait une telle pêche que c'est celui que j'ai préféré. La chanteuse et la violiste passent leur temps à danser et à parcourir la scène, les musiciens ont une énergie inépuisable, et la venue de leur amis sur scène pour partager des morceaux augmente la bonne humeur générale. Le concert se termine en apothéose par la performance impressionnante d'un joueur de flûte de Pan que j'envie, même si je n'en ai pas touché depuis plus de dix ans.

Samedi 23: impossible d'être à Valpo sans sortir un peu! Du coup, sur les 1h du mat' en cherchant un endroit où écouter de la musique en vivo, on atterrit au Gato (chat), bar populaire ayant l'air moins "branché" que le premier bar qui nous avait été indiqué, mais qui ne passait que de la musique enregistrée. Malgré le nectar de pêche difficile à avaler, les deux groupes de musiques andines valaient le coup. Et même si je n'ai pas saisi de profondes différences de genre alors que L. en a mentionné au moins 5 différents en racontant la soirée, et même s'ils nous a fallu attendre la dernière chanson pour nous décider à rejoindre la quasi-intégralité de la salle pour danser entre les chaises plutôt que d'être tristement assis, le concert de ces deux trios en formation guitare-percussions et flûte pour le second) était très sympathique et conclu parfaitement cette semaine de musique locale.

Sur ces mots plutôt soft compte-tenu du ton des derniers messages, je vous laisse...

Valparaiso: dépaysement, enfin

Puisqu'une homoinitiale (mais que peuvent bien signifier ces petits gribouillis rouge sous ce magnifique mot?) habite Valparaiso, et qu'il paraît que c'est cool, S. m'a emmené passer le week end chez elle (elle = L., mais pas moi, pour ceux qui n'avaient pas compris; ceux qui n'ont toujours pas compris peuvent faire une pause, prendre une aspirine et se foutre de cette partie qui n'a aucun intérêt à par montrer que j'aime bien faire des phrases alambiquées n'ayant aucun sens, et que donc, malgré que je me sois levé à 7h30 pour voir des présentations d'étudiant en informatique en espagnol, je suis en forme). Arrêtons là cette première partie, sautons deux lignes et reprenons.

Valparaiso, ce week-end, chez L. .< br /> Commençons par une première remarque: les car chiliens sont confortables. Plus que les français, voire les européens, d'après mes souvenirs de Alsa© en Espagne. Il y a de la place devant les jambes, même quand ce ne sont pas des semi-cama (demi-lit, c'est à dire sièges très abaissables avec repose-jambes — pas pieds, jambes! Et Dieu bénit les chiliens.) et les dossiers sont larges. Tant et si bien que j'ai dormi plutôt confortablement à la fois à l'aller (siège normal) et au retour (semi-cama).
Passons à la ville elle-même à présent, si vous le voulez bien.
Située en bord de mer, construite sur 42 cerros (collines), plus populaire que Santiago la ville procure (enfin) un vrai dépaysement. En effet, le centre de Santiago où je travaille, dors et sors et assez occidentale (surtout pour les parties dormir et travailler, les sorties s'effectuant dans le quartier Brasil dont j'ai déjà parlé) et à part l'espagnol incompréhensible des habitants, j'ai assez peu l'impression d'être sorti d'Europe.
A "Valpo", ce sentiment surgit enfin. Les maisons sont entassées les unes sur les autres, certaines sont effondrées, jamais reconstruites, certaines sont couvertes de tôles servant d'isolement, il y a énormément de fresque. La ville semble plus vivante que la capitale. En plus il faisait beau et chaud (sans contrepèterie). Parce qu'en fait l'hiver au Chili, c'est uniquement les quelques jours où il pleut (et où les rues sont inondées grâce à l'exceptionnelle voirie locale); sinon, s'il y a du soleil, il fait entre 15 et 20 degrés Celsius (pas Kelvin, grands fous!). Un temps de mi-printemps français en somme. Finalement je ne regrette pas trop de ne pas connaître l'été cette année. Je viens encore de faire une digression à rallonge.

Abrégeons là vos souffrance de lecteur. Valparaiso, c'est une ville vachement chouette. L'ambiance y est plus roots et même si elle est apparemment moins sûre que le Santiago (ces pauvres qui ne savent pas se tenir, je vous jure...), elle n'en reste pas moins très agréable à vivre et moins monotone que la capitale. Et ce, malgré l'affreux parlement en forme d'Arc de Triomphe qui cache un bout de la vue.

vendredi 22 juin 2012

¡Vamos la U! C***** ** *******

Je vais demander à ceux qui me connaissent bien de s'accrocher à leur fauteuil, la révélation qui va suivre pourrait les faire basculer dans un abîme sans fond tant la surprise sera grande.





Je suis allé voir un match de foot. Au stade.





Ben ouai, il paraît que l'ambiance est ouf' dans les stades chiliens. Du coup, pour voir, j'ai suivi S. et des amis à lui au match Universidad de Chile vs. Boca Junior . Il s'agissait du match retour de la demi-final de la Copa Santander Libertadores, équivalent de la ligue des champions européenne. Pour info, Boca Junior est une équipe argentine (de Buenos Aires) et la Universidad de Chile (la "U") est la plus grosse équipe de Santiago, mais n'a plus rien à voir avec l'université du même nom (accessoirement, celle où je fais mon stage).

Et effectivement, il y avait de l'ambiance.

Pour la partie positive de l'ambiance, on retiendra la démonstration de force des supporters chiliens à l'entrée de leur équipe sur le terrain: drapeaux, chant, cris, lancés de rouleaux de papier toilette, fumigènes, feux d'artifice... Feux d'artifice! (alors qu'on m'a pris ma pomme à l'entrée! Comme si j'allais gaspiller une pomme dans l'hypothétique objectif d'espérer toucher quelqu'un en la lançant...).
On retiendra également le bonne esprit des supporters qui applaudissent leur équipe alors même qu'en faisant match nul elle se retrouve éliminée de la coupe (Boca Junior avait gagné 2 - 0 à l'aller). Ils ont même un "chant de défaite" qu'ils entament dès le coup de sifflet final et qui dit en substance "Même quand tu perds, je continuerai de te suivre et de t'encourager, , la U!".

Pour les points négatif, les insultes incessantes, le racisme latent (insulte aux boliviens alors qu'il n'y a pas un bolivien dans le stade, le seul joueur noir qui n'a pas droit à un nom — seulement "El Negro" ) et un chauvinisme qui me laisse toujours aussi circonspect.

Ceci dit, le match était pas mal, malgré le score nul, de nombreuses actions ont émaillées la partie.


PS: Pour ceux qui se demandent, oui, les *** représentent une insulte qui fait partie du slogan d'encouragement. Slogan que se plaisent à scander les supporters au moment de croiser un Carabinero.

Anecdotes et balivernes, sans les balivernes

Avant de commencer une brève série d'anecdotes sur mon séjour ici, on me dit dans l'oreillette que certain-e-s ici ne parlent pas espagnol. Je ne comprend vraiment pas comment ça se fait, alors que moi je lis parfaitement les commentaires en allemand.
Bref, pour ceux qui n'ont pas pensé à utiliser notre ami lunettes bégayées qui fait une fortune en vendant de la publicité et des infos sur vous mais qui dans sa grande mansuétude m'autorise et me permet de tenir ce blog, pour ceux l), disais-je, il s'agissait du tout dernier discours de Salvadore Allende (cliquez pour la traduction).
L'autre citation est un extrait du discours d'inauguration du Museo de la memoría y des los derechos humanos et est repris à l'entrée du-dit musée, que j'ai visité la semaine dernière.
Mais vous avez pas besoin de moi pour vous imaginez que c'est dur, violent, émouvant, et comment-c'est-possible, et qu'a-fait-le-monde, et bravo-aux-résistants, et qu'aurais-je-fait-à-leur-place.


Place aux anecdotes, en désordre et sans grand intérêt:


- la monnaie locale est le peso, mais ils utilisent le symbole $ pour la représenter. Le temps de le comprendre, ça fait tout drôle les dix premières minutes — surtout si c'est au moment de retirer 180 000 $.

- il y a devant la Moneda (palais présidentiel, célèbre pour s'être fait bombarder), un drapeau chilien absolument immense. Je pense qu'il fait au moins une vingtaine de mètres de long. Et il (tente de) flotte(r) au vent en permanence.

- il y a dans le métro des écrans de télévision qui diffuse TV Metro (original). On peut y croiser des clips aussi différent que Rihanna, Justin Bieber, des boys band locaux, et Jack White. Mais on peut aussi y voir des infos ou des encarts très... hm... ciblés: la rubrique Mujeres en linea (littéralement: les femmes dans le viseur), qui propose des conseils pour maigrir, se maquiller ou sur la grossesse. Pouf pouf.

- vous savez, dans les films d'action, y'a toujours un type en moto-cross, tout en noir, qui est un super armé et qui pourchasse le héro dans les rues étroites d'une ville avant de s'écraser misérablement parce que le héro, et ben, il est vraiment trop fort (sinon il serait mort dix minutes après le générique)? Et ben, j'ai croisé un type comme ça. Moto-cross, tout en noir, gilet par-balles etc. Sauf que dans le dos et sur la moto, il y avait écrit "Seguridad de Santiago". Du coup c'est pas drôle, je croyais avoir croisé un bur bad ass, en vrai c'est juste un vigile urbain amélioré. En plus il avait l'air payé à faire le tour du quartier en boucle toute la journée (je l'ai vu deux fois au même endroit à deux moment de la journée).

- il y a beaucoup de pollution à Santiago. Je l'avais déjà mentionné quand j'étais revenu du Cerro San Cristobal, mais c'était encore plus saisissant mercredi quand, en débouchant sur l'artère principale de la ville, mes fragiles poumons de fumeurs invétéré de dioxygène se sont retrouvés assaillis par la contaminación qui m'a même irrité les yeux. (la vaca, elle est passionnante ma vie, vous trouvez pas?) Heureusement, dans Santiago, on a encore le droit de se balader avec un foulard sur le nez sans risquer 35€ d'amende parce que la République se vit à découvert.

- en fait ici, y'a pas vraiment de différence entre police et CRS, du coup les fl forces de l'ordre donnent toujours l'impression d'être en tenue de combat. Et c'est encore plus impressionnant lorsque l'on croise leurs bus grillagés voire blindé et peints en noir.

- il n'y a pas vraiment de politique d'urbanisme, du coup les maisons sont peintes au goût du participant. Globalement, rien de fantaisiste, mais on peut tout de même croiser une maison bleu turquoise ou noir. Rigolo.

Et sinon, joie du jour (d'hier): retrouver une chanson dont le refrain me trottait dans la tête depuis un an.

Et sinon, il y a de la neige sur les montagnes et il fait beau, c'est chouette, c'est joli.

dimanche 17 juin 2012

El once de septiembre, mil nove ciento setenta y tres

Santiago, La Moneda, 11/09/1973 — 9:10 A.M.


"Seguramente ésta será la última oportunidad en que pueda dirigirme a ustedes. La Fuerza Aérea ha bombardeado las torres de Radio Postales y Radio Corporación. Mis palabras no tienen amargura sino decepción Que sean ellas el castigo moral para los que han traicionado el juramento que hicieron: soldados de Chile, comandantes en jefe titulares, el almirante Merino, que se ha autodesignado comandante de la Armada, más el señor Mendoza, general rastrero que sólo ayer manifestara su fidelidad y lealtad al Gobierno, y que también se ha autodenominado Director General de carabineros. Ante estos hechos sólo me cabe decir a los trabajadores: ¡Yo no voy a renunciar! Colocado en un tránsito histórico, pagaré con mi vida la lealtad del pueblo. Y les digo que tengo la certeza de que la semilla que hemos entregado a la conciencia digna de miles y miles de chilenos, no podrá ser segada definitivamente. Tienen la fuerza, podrán avasallarnos, pero no se detienen los procesos sociales ni con el crimen ni con la fuerza. La historia es nuestra y la hacen los pueblos.

Trabajadores de mi Patria: quiero agradecerles la lealtad que siempre tuvieron, la confianza que depositaron en un hombre que sólo fue intérprete de grandes anhelos de justicia, que empeñó su palabra en que respetaría la Constitución y la ley, y así lo hizo. En este momento definitivo, el último en que yo pueda dirigirme a ustedes, quiero que aprovechen la lección: el capital foráneo, el imperialismo, unidos a la reacción, creó el clima para que las Fuerzas Armadas rompieran su tradición, la que les enseñara el general Schneider y reafirmara el comandante Araya, víctimas del mismo sector social que hoy estará en sus casas esperando con mano ajena reconquistar el poder para seguir defendiendo sus granjerías y sus privilegios.

Me dirijo, sobre todo, a la modesta mujer de nuestra tierra, a la campesina que creyó en nosotros, a la abuela que trabajó más, a la madre que supo de nuestra preocupación por los niños. Me dirijo a los profesionales de la Patria, a los profesionales patriotas que siguieron trabajando contra la sedición auspiciada por los colegios profesionales, colegios de clases para defender también las ventajas de una sociedad capitalista de unos pocos.

Me dirijo a la juventud, a aquellos que cantaron y entregaron su alegría y su espíritu de lucha. Me dirijo al hombre de Chile, al obrero, al campesino, al intelectual, a aquellos que serán perseguidos, porque en nuestro país el fascismo ya estuvo hace muchas horas presente; en los atentados terroristas, volando los puentes, cortando las vías férreas, destruyendo lo oleoductos y los gaseoductos, frente al silencio de quienes tenían la obligación de proceder. Estaban comprometidos. La historia los juzgará.

Seguramente Radio Magallanes será acallada y el metal tranquilo de mi voz ya no llegará a ustedes. No importa. La seguirán oyendo. Siempre estaré junto a ustedes. Por lo menos mi recuerdo será el de un hombre digno que fue leal con la Patria.

El pueblo debe defenderse, pero no sacrificarse. El pueblo no debe dejarse arrasar ni acribillar, pero tampoco puede humillarse.

Trabajadores de mi Patria, tengo fe en Chile y su destino. Superarán otros hombres este momento gris y amargo en el que la traición pretende imponerse. Sigan ustedes sabiendo que, mucho más temprano que tarde, de nuevo se abrirán las grandes alamedas por donde pase el hombre libre, para construir una sociedad mejor.

¡Viva Chile! ¡Viva el pueblo! ¡Vivan los trabajadores!

Estas son mis últimas palabras y tengo la certeza de que mi sacrificio no será en vano, tengo la certeza de que, por lo menos, será una lección moral que castigará la felonía, la cobardía y la traición."

— Slavador Allende —

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Santiago, Museo de la memoría y de los derechos humanos, 11/01/2010

"No podemos cambiar nuestro pasado; sólo nos queda aprender de lo vivido."

— Michelle Bachelet —