jeudi 26 juillet 2012

Et un peu de Sucre en poudre...

Une petite chanson pour vous accompagner dans la lecture de cet article au titre plus que douteux.

S. et moi arrivons donc après notre périple en autobus (et la découvert de la version bolivienne du semi-cama qui n'est autre que l'ancienne version chilienne: les bus gagnant une seconde vie en passant la frontière visiblement) à Sucre dans des conditions pour le moins improbables: à 3h du matin sans endroit où aller et sans hôtel ouvert à proximité du terminal. On prend l'option "réveiller les filles et voir ce qu'il se passera" ce qui nous emmène à travers la ville jusqu'à leur hôtel, fermé et complet. Nous passons tout de même quelques minutes à converser et nous raconter nos vies à travers une petite ouverture grillagée dans la porte en bois1. Finalement, S. et moi allons passer quelques heures dans l'hôtel d'à côté avant de rejoindre celui des filles après notre courte nuit, pour un petit déjeuner au soleil précédant une balade en ville.

Sucre est une petite ville du centre de la Bolivie dont le centre ville, de style colonial est tout mimi avec ces bâtisses blanches, ces rues plutôt calmes et sa météo clémente (il fait bon, malgré les quelques 2000m d'altitude).Je em dis que c'est peut-être la première ville d'Amérique Latine que je rencontre où je pourrais envisager de venir passer quelque temps tant elle diffère de l'empilement de maisons moches caractérisant toutes les autres villes rencontrées. Néanmoins cet avis changera lorsqu'à la faveurs d'une balade dans la nature alentours, je traverserai la ville "réelle" en dehors du centre-ville: un ensemble de maisons en brique claires, souvent inachevées, parfois encore en construction, dans la poussière et entouré du bétail (chèvres et porcs) de la famille. Entendons-nous bien: je ne dis pas que cette ville ne mérite pas d'y vivre à cause de sa réalité, je dis que l'image de carte postale qu'elle envoie en premier abord ne traduit pas sa réalité.

Après avoir attendu désespérement l'ouverture d'une église (la plus belle de Bolivie d'après le Lonely PLanet) fermée pour cause de travaux, nous nous dirigeons tranquillement (rapport à l'orteil violet du compadre) vers le mirador, point de vue sur la ville depuis le sommet d'une petite colline, en oubliant pas d'acheter des pâtisseries sur la route pour nous gaver accompagner limonade et jus de fruits pris là-haut.
Nous finissons la journée dans le petit restaurant français tenu par C., bon gaulois bourru, où nous dégustons quiche lorraine et crêpes. Ce restaurant sera notre repairs pendant les jours suivant, après avoir été celui d'à peu près tous les francophones de passages à Sucre désireux de profiter d'un peu de bouffe franchouillarde (du pâté, mes amis, du pâté! Et du bon!).

L'excursion aux Siete Cascadas du lendemain se fait en efectif réduit, puisque B. tombe malade dans la nuit et vient rejoindre le boiteux dans le cas des immobiles de la journée. C'est donc à deux que nous partons, accompagnés de D. notre guide bolivien, étudiant en tourisme et anglais organisant de petites excursions hors agence pour payer ses études. Nous commencons par sortir de la ville pour nous balader dans la nature en direction d'un ruisseau dévalant la colline et dont les formations rocheuses permettent de créer septs petites cascades et quelques retenues d'eau de cette eau limpide. Après un peu d'escalade pour un meilleur point de vue, nous nous installons quelques temps pour profiter du paysage et poursuivre notre discussion avec notre guide qui, bien que sympa, s'avère ultra-nationaliste: les péruviens sont tous des voleurs et les seuls voleurs de Bolivie sont péruviens, toutes les danses traditionnelles liées au dieu Tío2 sont originaires de Bolivie (c'est vrai, mais il nous l'a tellement rabâché que ça devenait épuisant) ou encore la guerre du Pacifique3> n'a pas eu lieu, les chiliens ayant profités d'un carnaval en Bolivie et au Pérou pour les envahir (c'est éminemment faux).
Nous aurons tout de même pu apprendre qu'Evo Morales fait beaucoup pour la campagne bolivienne, par exemple en facilitant l'accès à de meilleurs outils pour augmenter la production et l'indépendance des paysans; que le racisme anti-indigène (tendance chez les descendants blancs des colons) est passible de prison et que pour travailler dans le service publique il faut parler au moins une langue indigène en plus de l'espagnol4.
Sur le chemin du retour, après une petite grimpette, nous croisons vaches et chèvres, petit garçon ayant perdu ses vaches, dame ayant également perdu ses vaches (dans les deux cas, nous indiquons où elle sont puisque nous les avons croisées), L. apprend quelques mots de Quechua avec une dame qui nous vend du Coca de coca (vachement bon), nous apercevons des poupées de chiffons grandeur nature pendues aux poteaux électrique et apprenons que c'est un message à destination des voleurs ("voilà ce qu'on fait aux voleurs ici!" Hmm, hmm.), des cochons mangeant dans les détritus5, de la viande en plein air (comme sur tous les marchés boliviens) et des DVD pirates du dernier Spider-Man, sorti quelques jours plus tôt.

Puisque B. était malade, nous avons décalé le trekk prévu pour le jeudi au vendredi et profitons donc de notre jour bonus pour faire du shopping (un poncho, une veste en laine - je sais, ça change! - et une ceinture jolie pour ma part) et aller voir un film brésilien dont personne n'a retenu le nom6 dans l'auditorium d'un musée où nous avons pu regarder quelques masques traditionnels, impressionants.

Avant de terminer ce post sur Sucre, deux anecdotes: il y a un espèce de lynchen qui pousse sur les fils électriques et à côté d'un bâtiment administratif, on peut trouver une demi-douzaine de scribes équipés de machines à écrire, rappel pour nous touristes occidentaux que le taux d'alphabétisation du pays n'a pas encore atteint les 100%...


1: Dans une autre vie, un peu moins citadins, un peu plus sédentaires, nous aurions certainnement été de très bons voisins, occupés à palabrer à longueur de journée par dessus nos haies respectives, échanger les derniers ragôts du voisinage et se plaindre du beau temps qu'on attend toujours pour les betteraves du potager...
2: Le dieu sous-terrain, créé pour le smineurs qui mourraient sous-terre sans pouvoir être remontés et honorés comme il se doit.
3: Guerre entre le Chili, le Pérou et la Bolivie au milieu du XVIIIème siècle qui a vu l'annexation de l'extrême nord (péruvien) et de l'Atacama (bolivien) par le Chili, privant la Bolivie de son accès à la mer.
4: À ce propos, un fait qui mérite d'être noté: les policiers boliviens, en plus du drapeau national arborent le drapeau indigène en écusson sur leur uniforme. Je trouve ça vachement bien.
5: Malgré les fréquents panneaux Cuidemos el medio ambiente (nous faisons attention à l'environnement), la Bolivie comporte de nombreuses décharges à ciel ouverts au bord des routes, même si l'absence quasi-totale de poubelles est compensée par des travailleurs de nuit chargés de nettoyer les rues.
6: Il s'agissait d'une comédie romantique dont les rebondissements étaient prévisibles, mais toutefois attendrissante car centrée sur des soixantenaires.

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