lundi 2 juillet 2012

Tour de chauffe: Pucón

Première partie de l'excursion chilienne de votre serviteur: Pucón, ville à quelques 780km au sud de Santiago, à l'intérieur des terres (autant que faire se peut au Chili), au cœur de la région des Lacs dans une zone volcanique.
Mais avant de pouvoir parler de la ville, il faut parler du voyage!

Pour ne pas changer les bonnes habitudes, le départ se fait sur les chapeaux de roues: choisir une gare au hasard, y aller presque à la dernière minute pour acheter le billet, devoir changer de compagnie puis de gare et finalement attendre une heure le bus en retard. Mais finalement, tout va bien et c'est à 10h du matin que j'arrive à Pucón, village aux airs de village alpin et au ciel couvert.

Jour 1: Installation dans une auberge de jeunesse cosy et écolo, avec un très bon restau végétarien. Malgré l'étiquette "écolo", il y a de l'eau chaude dans les douches, mais il est recommandé de se doucher rapidement ou "con un amigo". Bon esprit.
Je rencontre M., jeune français qui fait le tour d'Amérique Latine après avoir vadrouillé entre travail et voyage en Australie pendant un an. Après avoir demandé conseil (en deux fois) à l'agence de tourisme (excursion, location etc.) tenue par des français forts sympathiques, on se sépare pour l'après-midi: on va au même endroit, mais lui décide d'y aller en bus tandis que je me laisse tenter par l'effort et choisi le vélo pour une balade de 44km (44 KM !!) dans l'après-midi. Cette balade me conduit dans un premier temps à Los Ojos de Carbuga, petites cascades dans la montagne. Si le lieux est superbe et reposant, le chemin vaut également le coup. J'ai roulé sur un chemin à flanc de montagne surplombant une rivière, seul. Magnifique. En chemin, j'ai croisé des moutons (semblables aux moutons irlandais) qui connaissent la priorité à droite: alors que le troupeau était en train de traverser la route, ils se sont arrêté lorsque je sui arrivé à une vingtaine de mètres d'eux pour me laisser la voie libre et ne reprendre la traversée quelques temps après mon passage.
Après une heure à souffler et contempler les cascades, je décide de reprendre la route pour rentrer avant la nuit. plutôt que de faire demi-tour (et remonter la longue descente de l'aller), je cherche à faire une boucle en rejoignant la route quelques kilomètres plus haut. Après deux kilomètres, au moment de choisir entre rejoindre la route ou poursuivre jusqu'au lac de Carbuga, destination initialement proposée par les français sus-mentionnés, je me motive ("après tout, ce n'est plus qu'à trois kilomètres et je viens d'en faire deux en peu de temps!"). Et je regrette. J'hésite trois fois à faire demi-tour1 mais poursuis, me répétant inlassablement les deux Vérités du Guerrier2. Je reste à peine quelques minutes devant le lac: la nuit tombe, et il me reste les 22km du retour et je n'ai pas de lampe. En suivant la route, tout se passe bien et je rentre, fatigué mais content de l'effort et de la balade.

Jour 2: Levé 8h30 avec pour projet d'aller faire un trekk au parc national Huerquehue, mais la pluie nous dissuade et de toute façon le bus pour y aller était à 8h30! Du coup, après avoir été invité à sortir avec le personnel de l'agence Aguaventura (celle tenue par toute une tribu de français) le soir-même, on se rabat sur les thermes. Évidemment, pour pas faire les choses simplement, on décide d'aller aux plus éloignée, et au lieu de payer l'excursion proposé, on fait le trajet par nos propres moyens, ce qui signifie prendre deux bus et dénicher un taxi qui n'essaye pas de nous arnaquer. Finalement on en aura eu pour 10000$ (pesos chiliens, je rappelle à ceux qui n'ont pas suivi) de moins que si on avait payé l'expédition. Les thermes elles-mêmes, Termas Geometricas, sont situées dans une étroite vallée dans les montagnes, à 17km le long d'un chemin accidenté du village le plus proche. Ce ne sont certes pas des bassins naturels, mais le design est particulièrement soigné: un pont de bois peint en rouge vif s'enfonce sr 450 mètres dans la vallée, remontant les 17 bassins d'eau chaudes entre deux parois à pic recouvertes de végétation luxuriante. Plus tard dans l'après-midi, la vapeur d'eau dissimulera le pont au-delà de quelques mètres, donnant à la déambulation un air d'expédition digne d'Indiana Jones. Se baigner dans les bassins d'eau allant de 36°C à 42°C dans ce cadre, disons féérique pour varier le vocabulaire, est agréable, même si on finit par se lasser de ne rien faire d'autre que barboter pendant deux heures. La seule activité dynamique consistant à se placer sous la cascade à 5°C pour apprécier le choc thermique en se jetant dans le bassin chaud d'à côté.
Une fois rentré, il faut résister à l'envie de s'assoupir, complètement relaxés par les thermes: nous devons rejoindre le groupe de français logeant au-dessus de l'agence pour un apéro et une sortie en bar. Le tout se faisant à l'heure chilienne, le rendez-vous est à 23h. Mon compagnon de chambré et de thermes renonce pour cause de fatigue et de départ dans le sud le lendemain matin. Pour ma part, je décide de me motiver à me sociabiliser un peu et m'apprête à rejoindre une immense soirée où l'alcool coule à flot. Après avoir jeté des cailloux sur le toit pour que l'on vienne m'ouvrir, il s'avère que ce que j'avais prit au départ pour une immense colloque d'une bande de potes français gérant collectivement une agence de montagne s'avère être la colloque des six (pour l'instant cinq) stagiaires français embauchés pour six mois et sur lesquels reposent une partie de l'administration de l'agence dirigée par deux amis de longue date passionnés de montagne. Et qui plus est, l'ambiance est plutôt calme: seuls les cinq habitants du lieu sont là, sirotant leur verre de vin et jouant au Uno. L'énorme surprise c'est de trouver parmi ces cinq stagiaires D., seul garçon de la colloque et accessoirement compagnon de route de mes deux ans de taule lyonnaise, dont je n'avais pas de nouvelles depuis un an! Une très bonne surprise qui détend d'entrée de jeu l'atmosphère et fait oublier le faux bond de M. et le coquard que je n'ai visiblement pas rendu (mais je vais bien et mon œil n'a rien).
La soirée se passe bien, l'ambiance est détendue, et même si la musique du bar dansant que nous avons ralliés à 2h du matin ne parvient pas particulièrement à me motiver à danser (d'autant que "danser" ne veut pas dire grand chose dans mon cas).

Jour 3: Après une grasse matinée amplement méritée, l'objectif du jour et la cascade de 87m Salto el Claro. Malheureusement, les indications qu'on m'avait données la veille étaient un peu confuse et D. et moi avons passé 4h à parcourir la plupart des chemins rencontrés, évitant systématiquement le bon (et lorsque nous avons trouvé - sans le savoir - le bon chemin, la victoire nous a semblé trop facile et nous avons donc choisi d'emprunter une mauvaise route après seulement une dizaine de mètres). Ainsi nous n'avons pas trouvé la fameuse cascade, mais la balade vallait largement la peine, même sous la pluie. La végétation, exception faite de la forêt et des montagnes entourant les collines que nous parcourions rappelaient cette chère Irlande et la vision des pics abruptes couverts de forêts, la cime dans la brume et les nuages avait quelque chose de .
Le soir, je rejoins de nouveau le groupe de français pour un asado, nom donné ici au barbecue, repas bien plus traditionnel qu'en France puisqu'il s'en fait même en hiver et que tous les bons immeubles de Santiago ont sur leur toit de quoi en faire (même au trentième étage, à côté d'une piscine!). L'asado de ce soir consiste en un énorme morceau de viande non identifié (peut-être de l'agneau) cuit à la broche puis découpé en morceaux de taille moyenne pour être mangés à main nue, accompagné de purée et de légumes cuits sur le feu périssant du barbecue. Le cadre, un Hostal tout en bois était participant à la bonne ambiance et donnait envie de s'y installer pour couler des jours heureux.

Jour 4: Je n'ai pas suivi le smala en boîte la veille (déjà parce que je devais prendre un bus à 8h30, et puis parce que la musique ne semblait pas prometteuse) et je réussis donc à me lever à temps pour plier bagage, poser mon gros sac dans la custodia et prendre le bus pour Huerquehue. Malheureusement le temps est encore moins clément qu'annoncé et lorsqu'on arrive en haut (nous sommes trois dans le bus: un américain et un allemand avaient le même projet que moi), le garde de l'entrée du parc nous interdit d'aller jusqu'aux lacs (censé être le clou du spectacle). Par contre on a pu aller jusqu'à de magnifiques cascades moyennant deux heures dans la boue et les premières neiges. Une nouvelle fois, les décors "envoient du rêve". Du coup je vais essayer de retourner à Pucón sur un week-end en août pour aller voir les lacs en raquettes et peut-être tenter une expédition organisée par Aguaventura jusqu'au sommet du volcan voisin. Depuis le temps que j'ai envie de gravir un sommet, ce serait bête de rater l'occasion quand elle se présente et que la difficulté n'est pas excessive...

Et sinon, anecdotes: étant rentrés dans la nuit à Santiago, j'ai pu retrouver avec un plaisir non dissimulé la fameuse rubrique "Mujeres en línea" qui m'a appris aujourd'hui que 80% des motardes préfèrent passer du temps avec à moto plutôt qu'avec leurs enfants et que le thé vert éliminé la graisse. L'équivalent pour les jeunes "jovenes en línea" m'aura appris que 15% des utilisateurs d'iPhone préfèrent se passer de sexe plutôt que de passer un week-end sans leur portable. L'ensemble des lecteurs de ce blog ayant quelques bases de sociologie apprécieront j'en suis sûr l'étendue de ce savoir nouveau que leur apporte TVMetro.


1: au passage je tiens à dire, et ce n'est absolument pas de la jalousie ou de la rage, que l'équitation est l'incarnation de la nature humaine profondément impérialiste: elle préfère domestiquer une espèce entière plutôt que d'inventer la roue, le vélo et utiliser ses jambes!
2: No Pain, No Glory et No Retreat, No Surrender

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