mercredi 11 juillet 2012

San Pedro de Atacama, première

Aux dernières nouvelles, j'attendais le bus pour San Pedro de Atacama à Arrica. Et ben j'ai pris ce bus, et tout s'est (à peu près) bien passé. Sauf peut-être que la route en mauvaise état et le contrôle de douanes (sans passage de frontière!) ont garanti une mauvaise nuit. Après une correspondance d'une heure et demi dans la froid de Calama (à 6h du matin), j'arrive enfin à San Pedro de Atacama, point de ralliement de tous les touristes pour visiter le coin (magnifique). Je rejoins L. et B. dans leur hostal, "loin des gringos" (s.i.c.), pose mes affaires et nous retournons en centre ville pour réserver l'excursion du dimanche et louer des vélos, direction la Valle de la Luna.

Il s'agit, je pense, de mon premier vrai contacte avec le désert: rouler sur une piste vaguement gondronnée, entouré de sable et de montagnes (au loin), sans croiser personne. Lors d'une pause nous constatons, impressionés, le silence total qui nous entoure.
Après avoir atteint l'entrée de la vallée et parcouru encore quelques kilomètres sur la piste poussièreuse, nous faisons la première pause: "visite" d'un canyon.
Sur l'indication d'un couple de français nous précédant, nous nous engageons dans un canyon étroit (ce qui semble être le chemin balisé et facile étant fermé) aux paroies plus ou moins couvertes de sel. Les formations rocheuses sont impressionantes et paraissent parfois translucides. Nous atteignons une cavité obscure mais, ne voyant plus ma main au bout de mon bras après trois mètres, nous décidons de faire demi-tour. C'est alors que nous rencontrons K. et M., un couple de français vivant au Pérou1 et équipés de lampes torches (petites, mais suffisantes). Nous nous retournons donc dans le canyon , traversons en cinq minutes et quelques génuflexions le couloir sombre et débouchons en plein air, d'abord sur la suite du canyon, tout aussi belle, puis après une brève escalade sur le haut des formations rocheuses qui offrent un paysage . On peut aussi penser à Tatooine et s'attendre à tout instant à voir surgir des Tuskens de derrière les rochers. Il n'y a en tout cas rien, sinon une petite flèche en bois indiquant le chemin, qui rappelle l'être humain, et c'est plutôt cool.
On quitte ce lieux magique pour récupérer les vélos et poursuivre la route. Je me tue à monter une côte plus longue que prévue que les filles préfèrent monter à pied et nous posons pied à terre pour la seconde fois: les dunes immaculées qu'aucun pied n'a jamais foulé (normal, puisqu'elles sont immaculées) nous attendent. Après avoir atteint le mirador à couper le souffle par un petit chemin à flanc de colline, nous décidons de ne pas faire les touristes en se contentant de cela et continuons sur la crête vers un aplomb rocheux surplombant deux vallées, une de chaque côté, et surplombant le salar que nous "visiterons" le lendemain.
Comme il est déjà tard, nous ne poussons pas plus loin. Pique-nique à l'ombre et retour à proximité du village. Sur la route du retour, le solei plus bas qu'à l'aller fait ressortir les couleurs qui nous avaient échappées sur le flancs des montagnes de l'autre côté de la plaine: de l'ocre, du vert et du violet qui viennent s'ajouter au jaune du sable, au blanc des cimes enneigées et au noir des cendres (tout est volcan ici).
Nous avons la flemme de pousser jusqu'à la Valle de la Muerte et nous contentons de regarder le soleil se coucher derrière les roches rouges2 et ciselées de son entrée en grignotant, buvant du mate et discutant tranquillement, le tout au pied d'une croix hommage à Jean-Paul II au sommet d'une petite colline.
Retour au village, achat de lunettes de soleil pourries juste pour ne pas perdre mes rétines dans d'atroces souffrances, réservation de l'expédition du lendemain, visite de l'église (qui a un toit joli), poulet-pâtes à l'auberge et dodo, la peau qui tire un peu, cuite par le soleil du désert le plus sec du monde.

Le lendemain matin, départ à 8h, dans la "fraîcheur matinale"3 pour l'excursion des Lagunas Altiplanicas, autrement dit les lacs situés à plus de 3500m d'altitude, mais pas que.
On commence par une pause dans le village de Toconao, autrefois aussi important que San Pedro puisqu'ils partageaient tout deux de bonnes ressources en eau. On y trouve un clocher datant de 1750 dont la porte et la charpente sont en bois de cactus (de même que le toit de l'église de San Pedro visitée la veille au soir. Le guide, en plus de faire complètement fondre L., sait plein de choses et nous apprend que les triangles que l'on voit partout à San Pedro sont le symbole de la ville et représentent les montagnes qui fournissent son eau à la ville. De la même facon, les gravures d'âne et de lama à l'entrée de l'église de Toconao rappelle le caractère quasi sacré de ces anumaux pour la ville, l'âne servant à l'agriculture et au transport tandis que le lama fourni généreusement et de son plein gré de la viande et de la laine. Nous apprenons également que dans les églises locales (et cela s'applique également à l'église brièvement visitée pendant l'excursion au lac Chungara), le Christ4 n'est pas derrière l'autel mais d'un côté ou de l'autre du transept. Dans l'abside on trouve par contre un ensemble de statuettes des saints locaux ou régionaux. La particularité de cette petite église perdue est que l'on trouve également une des (apparement) trois seules représentations de Dieu5: avec les saints locaux figurent des statuettes représentant Jésus, son papa et une colombe pour l'Esprit Sain. Les autres représentations de mon collègue barbus sont en Hollande et en Italie. Un fait étrange pour le petit francais que je suis dont l'éducation repose en partie sur une certaine loi de 1905 et une épuration écclésiastique d'un certain mois de mai 1871: la présence du drapeqau chilien à côté de l'autel, en vis-à-vis avec celui du Vatican. Avant de repartir, L. résume très bien la visite du village: "J'ai vu Dieu et des lamas, je suis contente." Tout est dit.
On reprend la route en mini-bus et je me dis que parcourir le désert d'Atacama, voire même le Chili en général à moto doit être absolument génial. Sentiment qui sera confirmé par l'expédition du salar d'Uyuni.
Le deuxième arrêt a lieu dans le salar d'Atacama. pour ceux qui n'ont pas encore ou compris, ou utilisé Google, un salar c'est un lac salin, mais je trouve plus joli d'utiliser le mot espagnol. Celui d'Atacama dans lequel nous sommes est le cinquième plus grand au monde (le premier étant celui d'Uyuni). C'est moins blanc et plats que je me serais imaginé, mais cela s'explique par l'absence de pluie qui fait que le lieu est dans le même état depuis son assèchement (naturel6), c'est à dire que les minéraux sont mélangés et forment parfois de petits monticules. C'est par contre le salar le plus profond: on peut encore trouver du sel à 150m de profondeur. On y voit quelques flamants roses qui ont la vie dure (par manque de nourriture, ils sont obligés de passer énormément de temps la tête dans les 20cm d'eau de la lagune de Chaxa au milieu du salar, ce qui entraîne la perte de leurs plumes sur le sommet du crâne, exposant ainsi leur peau au soleil qui s'amuse bien à y implanter son meilleur ami le cancer, réduisant l'espérance de vie de ces grands pigeons roses de 12ans en conditions normales de pression et de température à 8 ou 9 ans. On voit aussi d'autres oiseaux dont une mouette qui s'amuse se nourrit en mangeant les oeufs des autres.
La montée jusqu'aux lacs nous fait traverser une plaine en pente ascendante, rocailleuse puis rocheuse avant de laisser place à un tapis de végétation jaune en touffes qui recouvre le sol jusqu'aux lacs à 4300m. L'altitude me fait moins d'effet qu'à Chungara, mais c'est parce qu'on est partis de moins haut (San Pedro est à 2300m). On voit des vicuña (un lama couleur Bambi), des oiseaux; les paysages sont trop beau, c'est la fête. Sur le chemin du retour, le repas est trop bon et on rentre tout content se préparer à l'expédition de trois jours en direction d'Uyuni, en Bolivie, après avoir dégusté un bon repas local dans un restaurant populaire excentré ressemblant fortement à une cantine!

PS: Le message précédent était écrit depuis un cyber-pas-de-café à San Pedro de Atacama qui a depuis été fermé pour cause de fraude fiscale. Tralalala.
PPS: La devise des carabineros est: "Un amigo siembre" (toujours un ami). Personnellement, quelqu'un qui écrit être mon ami sous le dessin de deux fusils croisés, ca m'inspire moyennement confiance.


1: C'est un couple de web-designers travaillant ensemble à la construction de sites internets, installé depuis un an au Pérou avec pour objectif de vie de passer un mois sur trois en voyage. Ils ont construit un blog à partir de rien pour raconter ça, et du coup je suis un peu jaloux (au-delà du fait que leur vie est trop cool) parce que ça m'aurait bien amusé de faire pareil, mais ça m'aurait pris beaucoup trop de temps et ça n'aurait pas été aussi bien... Mais d'un autre côté, j'ai pu faire (au grand dam de L. et B.) des blagues d'informatique, ce qui est assez rare dans une conversation normale entre gens civilisés.
2: La Valle de la Muerte tient son nom d'une déformation de son nom originale, Valle de Marte, en référence au truc rouge qui a l'indécence de se balader dans le ciel en étant suffisant près pour être atteint mais trop loin pour que ce soit facile.
3: Je crois que les filles diraient plutôt qu'on se les geleaient grave, mais je ne veux pas trop m'avancer.
4: La version clouée.
5: La version catholique.
6: Le salar s'est formé suite à l'assèchement d'une partie de l'océan piégé par la formation des cordillières avoisinantes.

1 commentaire:

  1. Youhou!!! Super le ton décalé de ton blog... j'adoooore! Hi hi, bon souvenir, que ce petit moment partagé avec vous... j'espère qu'on aura l'occasion de se recroiser et refaire des blagues d'informatique... En attendant, on te suis sur ton blog! (On a eu un message super gentil de ta maman!!! Trop sympa) Grosses Bises
    Kim & Mag

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