jeudi 19 juillet 2012

Périple minier

Vendredi matin, un peu dépité par le programme qui s'annonce (ne pas pouvoir aller à Iquique et m'ennuyer pendant trois jours dans la ville de Calama, pour ceux qui n'ont pas lu le précédent post), je quitte San Pedro après une bonne nuit de sommeil et avoir fini Le Pavillon d'Or.
Sitôt arrivé à Calama, je tente ma chance dans une agence de bus et ô miracle, il reste des places pour Iquique le lendemian à 16h. Comme je dois être là pour le compadre, je prend le retour dans l'après-midi du lendemain, ce qui fait que je ne passerai qu'une quinzaine d'heures dans la ville portuaire, mais au moins, entre les trajets en bus de 7h et la visite d'Humberstone, ça me changera de Calama et ça m'occupera. Ceci fait, je file à l'office du tourisme où j'apprend à regret que la visite de la mine de Chuquicamata, l'une des plus grande mine à ciel ouvert du monde1 affiche d'ores et déjà complet. néanmoins, on me suggère bien aimablement de laisser mon gros sac à l'office et de filer au point de rendez-vous de la visite y espérer un désistement, annoncé ou non.
Une fois là bas, j'attend une petite heure que soit passé le rendez-vous de ceux ayant réservé, sous le regard des mineurs imprimés sur les murs2. On m'annonce (ô joie) que je vais pouvoir visiter, on me donne mon billet et j'embarque même dans le bus, avant qu'un groupe de 9 personnes ne se décide à arriver, avec 15min de retard et réclamer leurs sièges, faisant valoir leur réservation de trois semaines. On nous (moi ainsi que 4 autres personnes dans la même situation) fait donc descendre et je perd (ô tristesse3) l'occasion de visiter ce lieu qu'on dit impressionant.

Je retourne donc en centre ville me chercher un hôtel, celui que j'avais choisi sur le guide du mec qui porte la terre en sac à dos (l'imbécile, c'est tellement plus facile de la faire rouler!) étant fermée. Je trouve, sur indication, un petit hostal, cher et glauque, mais qui ferra l'affaire pour une nuit, et je me met en quête de la bibliothèque où on m'a promi internet gratuit. Je trouve la bibliothèque, mais tous les postes sont occupés, je peux donc admirer cette précieuse institution composée ici de deux pièces comportant chacune une dizaine de rayonnage où s'entassent des livres vieux et abimés, ayant rarement l'air intéressant...
De plus en plus dépité, je quitte l'endroit et traverse le centre ville en direction du cyber pas cher que j'avais repéré depuis le bus me ramenant en ville après ma tentative ratée de visite de la mine. Ce faisant, je réalise que le Routard a bel et bien raison: cette ville est glauque. Au premier abord, j'avais, à la faveur d'une allée un peu verdoyante et de quelques bustes en bronze au soleil, cru la ville à peu près décente ñalgré l'avis du guide, mais je change à présent drastiquement d'avis: les rues sont sales, les gens ont l'air fatigués et les petits casinos4 glauques remplis de machines à sous pullulent. Du coup je passe sans remords plusieurs heures dans le cyber. En sortant, il fait nuit, et je m'empresse de rentrer dans mon trou après avoir mangé un (bon, tout de même, quoique ça ne vaut pas ceux que j'ai pu manger en France) burger péruvien. Je redécouvre alors ma chambre que je n'avais qu'entre-aperçue, le temps d'y laisser mes affaires: le tout ne semble pas sale, mais délabré. Le mur côté lit est composé de grandes plaques de bois reclouées, la salle de bain ne comporte qu'un lavabo et un trou dans le sol servant à l'évacuation d'eau de la douche dont on aperçoit encore le tuyaux (mais inexistante autrement), les draps sont propres mais le dessus de lit est troué en de nombreux endroits par les cendres de cigarettes et les murs sont tellement fins que j'entend le mec d'à côté grogner et un autre se raser par à-coups (une petite série de rasoir électrique toutes les 5minutes) quelques chambres plus loin. J'imagine très bien un gaillard dégarni et bedonant, en marcel et pantalon de pyjama rayé, macho et grande gueule, sortir et vociférer aue c'est pas bientôt fini c'bordel, y'em a qui dorment ici, bordel. Mais ça correspond pas trop à ma description du coup je reste dans le lit et je m'endors sur le début du Voyage au bout de la Nuit.
Le lendemain, après avoir quitté ce lieu réjouissant (et avoir été réveillé par le doux murmure de mon voisin s'étouffant et crachant ses poumons) et en avoir trouvé un mieux pour dimanche soir (nous partons à Uyuni le lundi matin très tôt), je retourne sur internet puis file vers Iquique. Mis à part la demi-heure de retard au départ et l'heure d'arrêt dans un dépôt sans raison, le voyage se passe bien et j'avance dans le Voyage. Arrivé à Iquique, un colectivo me dépose à l'auberge que m'avait indiqué un membre de CouchSurfing ne pouvant pas m'accueillir. Ambiance très sympa, je bois malgré l'heure tardive un coup avec la jeune gérante du lieu, une amie locale et un madrilennien de passage: ambiance auberge de jeunesse tranquille dans la tièdeur du soir. Le lendemain, lever tôt pour filer à la ville abandonnée de Humberstone, ancienne ville minière chargée d'exploiter le salpêtre. Comme c'est la fète à Tirana, village un peu plus haut, le tarif du transport est prohibitif et A., vieux chilien désirant lui aussi visiter la mine, m'aide à négocier le prix du transport en bus.

Le village d'Humberstone, classé au patrimoine mondial de l'humanité, est impressionant (ouai! J'ai tout dit comme tout le mode!). Perdu en plein désert, sortit de nulle part et intégralement dévoué à l'extraction du salpêtre, ce lieu a connu son heure de gloire jusqu'à la fin des années 50, si je ne dis pas de bêtise, ce qui est loin d'être certain. Dans les premières maisons, que je trouve bien larges pour être celles des ouvriers (et de fait, ce sont celles des chefs), sont exposés des objets du lieux et de l'époque qu'A. me nomme et qu'évidemment j'oublie. PLus loin, nous visitons l'école, ou`sont maintenus des tableaux et des bancs. Les murs sont couverts de petits grafitis, un certains nombre rendant hommage à des parents ou amis nés et ayant vécu ici. Dans une salle de classe, une série de panneaux porte le récit de la vie dans la ville par un ancien y ayant grandi. Partout, on trouve des des ustenciles ou des machines rouillés, des maisons à l'abandon. Je monte sur une petite dune pour avoir un point de vue global sur la ville et songe alors aux mineurs français du Nord, de St-Étienne ou d'Aveyron5, et me dit que j'aimerai bien connaître un peu mieux leur histoire, visiter leurs lieux. Après tout, ça fait un peu parti de mon histoire familiale.
Je visite encore les ateliers de fabrication des locomotives, de réparation des engins, le théâtre et le marché avant de m'en retourner.
Sur le chemin du retour, je peux apprécier la vue épustouflante d'Iquique que l'on rejoint par une route à flanc de colline surplombant les dunes de sables qui limitent la ville par l'est, l'océan se chargeant de la limiter à l'ouest... Je récupère mon sac à l'auberge et file prendre mon bus de retour pour Calama. Le séjour fut bref mais vallait la peine (quoique fuire de Calama une journée n'est pas vraimment une peine). La route du retour longeant le littoral est particulièrement agréable.
De retour à Calama, j'attend S. sur internet, après avoir eu droit aux recommendations joyeuses de la gérante de l'hostal: "en sortant d'ici, tu peux aller à gauche, c'est le centre-ville, mais ne vas pas à droite, il y a de la délinquance et de la violence.". Une courte nuit de sommeil, et en route pour la Bolivie, où nous attendent déjà les filles.


1: Pour l'univers et le reste, je manque un peu d'information, donc par respect pour la logique élémentaire je ne m'avancerai pas.
2: Dans un `bâtiment voisin des bureaux d'un important syndicat!
3: J'ai envie de mettre des "ô" partout aujourd'hui, peut-être la sortie du désert...
4: Plusieurs fois j'ai vu l'enseigne "juegos electronicos màs recientes" ("les jeux électroniques les plus récents") au-dessus de machines auxquelles jouaient peut-être ces saletés d'étudiants soixante-huitards en faisant leur tentative de révolution...
5: Et aux autres, en Grande Bretagne, et partout ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui qui furent et sont tout autant nécessaires que méprisés, et je me dit qu'il faudrait que je lise Germinal...

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