lundi 11 juin 2012

Bellas Artes

Samedi, après une éreintante partie de fùtbol, je suis allé au musée de Bellas Artes dont la traduction évidente n'échappera à personne. Je ne sais pas s'il est rénovation ou autre, toujours est-il que je suis loin d'avoir pu voir les 2500 œuvre annoncé par le mini-guide à ma disposition. Il y a tout au plus une petite dizaine de salles, petites elles-aussi. Je ne suis pas resté abasourdi devant les tableaux ou sculptures classiques, d'abord parce que c'est pas non plus ce que je préfère et puis bon, il faut bien reconnaître que c'est pas ouffissime, comme dirait l'autre.

On peut tout de même croiser quelques trucs intéressants.

Mentionnons par exemple la sculpture de Nicanor Plaza El jugador de Chueca représentant un mapuche (indien du Sud du Chili, discriminé, comme les autres, y'a pas d'raisons) jouant au sport traditionnel de son peuple. La sculpture a été réalisée (et c'est là que ça devient intéressant) en utilisant les canons esthétiques occidentaux de l'époque (on est dans la seconde moitié du XIXème. Siècle, pas arrondissement. Imbécile.) pour exprimer une vision romantique.

Il s'avère que de nombreux artistes chiliens sont passés par la cas Paris et Beaux-Arts, ce qui permet de croiser Notre-Dame (ouaip, celle du bossu) au détour d'une galerie consacrée à la fin du XIXème (non je ne referais pas la mauvaise blague de tout à l'heure, rassurez-vous) et au début du XXème. Il s'avère que la galerie en question était consacré à un groupe connu sous le nom de Grupo Montparnasse. Coïncidence? Je ne crois pas.
On s'amuse à reconnaître quelques styles picturaux qu'on croit familier (romantisme, pointillisme ...) mais on en mettrait pas sa main à couper, faut pas non plus déconner.

Ceci dit, ce que je préfère c'est l'art contemporain et du coup je peux mentionner une série de tableaux tous regroupés dans la dernière salle (devinez quoi, l'ordre des salles est chronologique): Ojo con desarrollados et La Ajenidad de Roberto Matta, Las lagrimas de Bizenta et Diseño para la muerte de Joe de Guillermo Muñez, le tableau minimal d'Alberto Perez Barricade II et l'impressionnant Sin título (America) représentant l'Amérique du Sud (incluant la Centrale) et les deux océans l'encadrant à partir de visages. Le truc drôle c'est que l'artiste s'appelle Garcia Barrio, et que barrio ça veut dire quartier. Un mec qui s'appelle quartier et qui peint une amérique latine unie à base de visage en mode "tous ensemble, tous pareils", c'est drôle, non? Non?

Une initiative intéressante du musée c'est Retratos de la memoría: pour la septième année de suite, le musée demande aux chiliens, à l'occasion de la journée du patrimoine, d'envoyer des photos datant de 1870 à 1980 sur un thème particulier. Le musée sélectionne et affiche certaine ensuite. L'objectif étant ainsi de préserver les mémoires individuelles et collectives du Chili. Je trouve la démarche intéressante, même si le thème de cette année n'a rien de particulièrement enthousiasmant (les cérémonies et les mariages. Youpi).

Venons-en à présent à la salle qui m'a le plus plu/intrigué/intéressé. Il s'agit du travail de l'artiste (contemporaine) Zinnia Ramírez Taylor. Dans la première salle on trouve tout un travail sur le bois et quelques tableaux. Tout est à base d'art rupestre / primitif mais avec les codes (ou leur absence) de l'art contemporain. Le mélange est plutôt réussis et intéressant à voir. Cette première partie de l'exposition est regroupée dans une salle, pour passer dans la salle suivante, il faut passer par une large ouverture qu'encadrent deux tableaux tranchant avec l'art d'inspiration primitif du reste de la salle. Ces deux tableaux figuratif m'ont particulièrement plu, d'autant que je suis assez sensible au figuratif et aux symboles simples et répétitifs. Il s'agit de deux grands tableaux ayant un unique motif (commun): le cercle. Le premier, intitulé Runa Complementaria, utilise massivement le bleu et le jaune; l'autre, Manada, Oro, Rubí est, comme son nom l'indique, plus porté sur le rouge vif et le doré.
Dans la salle suivante, une rotonde, la lumière est ténue et trône au centre de la pièce l'unique œuvre ici présentée: une sorte de vieux grimoire composé a priori de feuillets encadré par deux couvertures de cuirs, le tout relié par des lacets. Lorsqu'on se penche au dessus, on se rend compte que le livre est vide au sens propre: il n'y a pas de matière à l'intérieur: il est largement percé de part en part et éclairé par en dessous. Au mur, on trouve le texte suivant:

"El universo reabsorba sin cesar todo lo que salido de su seno no se espiritualiza."

que l'on pourrait traduire ainsi: "L'univers réabsorbe sans cesse tout ce qui sort de son sein de devient pas spirituel".
En face, on trouve le nom de l'œuvre: Archivas Akáshicos et l'explication que je recopie ci-dessous:
"Los Archivas Akáshicos son bancos de memoría cósmica, donde se almacena la información de la conciencia colectiva, al que en vida sólo pueden acceder los iniciados, aquellos que logran un estado de conciencia elevado, a traves de la práctica de meditación y viajes astrales.
Todo lo que nace en el tiempo tiene su origen en lo eterno, pero lo eterno no es accesible a la percepción sensorial. Sin embargo existen caminos para que el ser humano perciba lo eterno solo una señal."
dont la traduction pourrait être: "Les Archives Akáshicos sont des banques de mémoire cosmique, où s'amoncelle le savoir de la conscience collective, auquel ne peuvent accéder durant leur vie que les initiés, ceux qui atteignent un état de conscience élevé, à travers la méditation et les voyages astraux.
Tout ce qui naît dans le temps a son origine dans l'éternité, mais l'éternité n'est pas accessible par la perception sensorielle. Cela étant, il existe des voies pour que l'être humain percoive l'éternel seulement dans un signe."
En lisant cela, on entend le chant chamanique qui émane de l'autre pièce, elle aussi plongée dans la quasi-obscurité et présentant une sorte d'énorme tambourin traversé en son centre par un bouquet de branche. L'œuvre s'appelle Manada et je soupçonne un lien avec le titre du tableau. La seule lumière émane du tambourin lui-même et ne cesse de croître et décroître, achevant d'installer l'ambiance de transe.
Un téléphone sonne alors, sonnerie ringarde, charme brisé. on peut dire que c'est un fail.

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