samedi 16 juin 2012

MAC 1

Rien à voir avec la vitesse du son. En plus il manque un h.

Le musée d'art contemporain de Santiago est réparti sur deux sites, j'en ai visité un il y a quelques heures.

Dans ce musée vous pourriez croiser, si vous dépensiez environ 1000€ pour visiter ce pays en forme d'asperge (ou de haricot vert, selon les préférences culinaires) :


• Un rez-de-chaussé consacré à l'exposition "Chile años 70 - 80: Memoría y Experimentalidad où entre autres, vous verriez:
- La Obra Abuerta (Œuvre ouverte) de Hernán Parada, un travail basé sur des photo de son frère emprisonné et disparu en juillet 74. L'œuvre devrait être déclarée achevée le jour où l'artiste retrouvera son frère. Travail de mémoire, tout ça.
- La provocation de Juan Pablo Langlois, El carné múltiple: 27 versions de la même carte d'identité surmontant un rappel du texte de loi interdisant de cacher son identité ou de la falsifier en fabriquant de faux papiers. - Un gigantesque tapis de sol de salle à manger étendu au mur avec en vis-à-vis les pieds des chaises telles que réparties sur le même tapis durant l'exercice de ses fonctions. Le tapis est largement usé là où se situaient les chaises. Cette installation de Josefina Fontecilla très justement intitulée De sobremesa cherche à prouver que le mobilier ne retient "ni les identités, ni les conversations, ni les anecdotes, mais simplement les déplacements routiniers des corps"[traduction et adaptation libre, ©L; under WTFPL]. - Les quatre photographies de Elías Adame regroupées sous le titre De Chile sur lesquelles on peut voir l'artiste juxtaposer ou superposer (en peingnant) la carte du Chili et son corps (à l'envers ou à l'endroit). L'objectif étant de rendre compte de la cohérence du corps géographique, socio-politique et culturel du Chili pour dénoncer les exaction pas gentilles du méchant dictateur Pinochet. Il a ensuite collé des posters regroupant ces quatre photographies à divers endroit de la ville et mesurer le temps qu'elles mettaient à être arrachée. Palmarès global compressé par mes soins: dans les endroits très visités (typiquement: l'artère centrale de la ville), ça tenait de 30min à 5h (ouhou, gros score); dans les lieux culturels et universitaires, de 5 à 15 jours (mais que fais la police? C'est pas comme si les étudiants étaient pas de sales gauchistes à mater au bâton...) et dans la vitrine de petites boutiques de photographies ou de livres, ça a tenu 1 mois (de toute façon personne y va dans ces trucs so XIXème). Pour info, il a fait tout ça en 1980, hein, aujourd'hui il l'aurait balancé sur Facebook, il se serait pas ennuyé à aller les coller, faut pas déconner, y'a du soleil dehors, ça brûle. - Deux comptes-rendus de performances dont je n'ai délibérément pas noté les noms pour le plaisir d'écrire cette phrase et ce qui va suivre entre parenthèse ( véridique — et une phrase récursive, une).
* La première est une intervention d'une artiste féministe qui dans une galerie a projeté sur son corps (nu) je ne sais plus quel tableau de Ève (je croisà tenant une pomme (ça parait cohérent), puis s'est enduite de peinture (rose) pour imprimer l'empreinte de son corps (deux fois le dos, une fois l'avant) sur une gigantesque toile (aujourd'hui présente au musée), avant d'encadrer tout cela de peinture jaune et d'écrire à la bombe "Eroica" (accessoirement, titre de l'œuvre). Tout ça pour dénoncer la réduction de la femme à son corps et de ce corps au statut d'objet.
* La seconde performance en est un peu moins une. En fait l'œuvre est présente. L'installation comporte une toile peinte et deux téléviseurs cathodiques (les artistes sont de has-been. Sur ces téléviseurs, on peut voir la création et destruction partielle de la toile, et d'après la petite plaquette que personne ne lit jamais sauf ceux qui ne comprennent rien d'eux-mêmes et qui ont du temps à perdre, présentement, moi, ce sont eux qui sont la véritable œuvre. (On retrouve là l'idée d'art comme processus créatif plutôt que comme aboutissement, n'est-ce pas...) Le tout sert à dénoncer le triple assissanat assassinat (sans dyslexie, c'est mieux) de Pierre, Paul et Jean [j'ai changé les noms, d'abord parce que je ne m'en souviens pas, et ensuite parce que je trouve qu'avoir une œuvre en mémoire de son assassinat politique dans les années 80 c'est un peu prétentieux: ils auraient pu faire comme tout le monde et resté globalement anonymes.]. Voici donc ce qu'on peut voir sur la vidéo: le peintre commence par dessiner quatre figure relativement neutres et chauves vaguement en train de se faire tuer (égorger ou pendre, dur de déterminer). Il encadre ensuite ces visages du dessin d'une étoile à 5 branche telle qu'on peut la trouver sur le drapeau de... au hasard, disons du Chili. Il délimite une bande blanche au bas du tableau, puis recouvre la partie supérieur d'un bleu très foncé — exception faite de ce qui se trouve à l'intérieur des étoiles. Pour achever le tableau, il peint en blanc la partie vierge inférieure et il recouvre l'intérieur des étoiles de blanc (oui, a pu visages, pouf, disparus). Commence alors le processus de destruction, qui consiste à se mettre de la peinture sur l'épaule et le bras à la bombe et de se jeter violemment sur la toile pour laisser des grandes marques (du type: j'ai écrasé un schtroumpf et je létal l'étale. Mes explications sont de plus en plus longues, je voulais faire ça bref le temps que Predator se télécharge, et voilà que je m'étend. Bref.

• Au deuxième étage, on trouve une exposition consacrée à Dinora Doutchitzky, que j'ai trouvée moins intéressante. Néanmoins il y avait:
- Une salle intitulée "Ciudades I" qui regroupe des petits tableaux de villes imaginaires. Je retiens surtout de cette salle le texte de l'entrée qui mentionne le fat que ces routes ont probablement leurs racines dans l'enfance de l'artiste et exprime son histoire. Ce qui est marrant c'est qu'hier je lisais Les écrits inachevés de G. le magnifique où il était justement question de "l'illusion biographique" qui pousse à mettre en relation des souvenirs et le présent pour exprimer une sorte de continuité dans la vie, alors que tout le monde sait que la vie est un espace discret, la preuve, elle s'éclipse de temps en temps. (Pour la route, on retiendra tout de même le tableau Carrusel violeta qui est joli.)
- Une salle intitulée "Ciudades II" qui regroupe des petits tableaux de villes imaginaires. Mais d'autres. Et les peintures sont plus géométriques (essentiellement rectangulaire d'ailleurs, j'ai croisé assez peu de paraboloïde elliptiques), comme des vues de Google Map sans le Street View ou des petites vignette juxtaposée; les couleurs y sont moins diverses, parfois limitées à deux ou trois. Ça donne des villes qui ressemblent à des circuits imprimés. Mais tout lien avec ma formation dans cette impression (sans jeu de mot) n'est qu'illusion biographique et arnaque freudienne.
- Une salle consacrée à une technique rigolote: dite técnica de la viscosidad.

• Plein de mini-salles avec des vidéos expérimentales, parce que 'faut quand même que ça ai l'air d'un musée d'art contemporain. Sinon, ça fait pas sérieux.


Mais vous êtes pas là, donc vous verrez pas.

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